Frédéric Beigbeder était l'invité de Nicolas Carreau dimanche sur Europe 1 4:33
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Laetitia Drevet
Frédéric Beigbeder vient de publier son dernier roman, L'homme qui pleure de rire, dans lequel il dépeint une société française sous le joug d'une "dictature du rire", où "la drôlerie est obligatoire" et l'humour omniprésent. Il était l'invité de Nicolas Carreau dimanche sur Europe 1. 
INTERVIEW

"Quand l’humour devient la norme, c’est qu’on est complètement paumés." Invité de La voix est livre dimanche, Frédéric Beigbeder a évoqué son dernier livre, L’homme qui pleure de rire (Grasset), un roman aux faux airs de pamphlet. Il y dresse une critique acerbe de la "dictature du rire" qui régit selon lui les sociétés contemporaines. "Aujourd’hui, la drôlerie est obligatoire. Les présentateur plaisantent, les hommes politiques badinent, les chauffeurs de taxi galéjent, même les pilotes d’avion tentent des blagues au micro", écrit-il dans son livre, dont la couverture, dénuée de titre, est floquée d'un large "smiley" hilare.

"La grand rigolade est universelle", soupire Frédéric Beigbeder au micro d’Europe 1. L’écrivain voit dans cet humour "sacré" une manière d’éviter de faire face aux vrais problèmes. "C’est une forme de fuite devant apocalypse. Toujours plaisanter, sans jamais rien faire pour changer les choses… On veut fuir dans les blagounettes", regrette-il.

"L'humour est devenu un système"

L’humour, selon lui, envahit même la politique, et souvent, aujourd’hui, pour le pire. "Ça a commencé avec Coluche en France, puis il y a eu l'élection de Beppe Grillo en Italie. Donald Trump est un animateur de télé-réalité, et Boris Johnson et surnommée 'Bojo le clown' en Angleterre. Sans oublier Volodymyr Zelensky, humoriste élu président de l’Ukraine", énumère-il. "L’humour est devenu un système."

Il pointe du doigt les humoristes qui, pour faire rire les uns, prennent les autres en boucs émissaires. "L’humour peut être une violence", affirme Frédéric Beigbeder, dénonçant les "phénomènes de meute", menés par quelques humoristes, souvent très populaires. "Au point que certains préfèrent subirent cela plutôt que de disparaître."

Comme la plupart de ses romans, ce nouveau volume s’inspire de sa vie personnelle. Son personnage principal, Octave Parango (revenant de 99 francs), travaille pour une radio, France publique, dont il se fait renvoyer suite à une chronique ratée. Une histoire qui n'est bien sûr pas sans rappeler celle de l’auteur, évincé de France Inter en novembre 2018 après une prestation visiblement non préparée.