"L'été de Katia" et "Comme une rivière bleue" : les coups de cœur des libraires

© AFP
  • Copié
A.D
Chaque week-end, deux libraires partagent leurs coups de cœur, dans "La voix est livre" avec Nicolas Carreau.

Deux libraires ont extrait des pépites de leurs rayonnages. Cette semaine, Anne-Sophie Rouveloux, de la librairie Chroniques à Cachan, et Jérémie Banel, de la librairie Fontaine à Paris, nous dévoilent leurs choix, dans La voix est livre, sur Europe 1.

L'été de Katia de Trévanian, aux éditions Gallmeister

"Je vais d'abord vous parler de l'auteur. Trevanian est son nom de plume. Désormais, on sait qui c'est, mais dans les années 70-80, on ne connaissait pas son identité, il avait carrément un imposteur qui allait dans les cocktails littéraires. Il n'a donné qu'une seule interview téléphonique. Il ne voulait pas s'enfermer derrière un seul nom et souhaitait aller vers tous les genres littéraires.

C'est un roman de 1983 que Gallmeister ressort maintenant. Dans cette histoire, on est avec Nicolas, qui se souvient d'un été bien particulier, le dernier été avant la Première Guerre mondiale, celui où il est tombé fou amoureux de Katia. Il était alors jeune médecin dans un petit village du Pays Basque. C'est à ce moment qu'il croise une jeune femme qui fait du vélo sans chapeau. Dans la société de l'époque, ce "détail" annonce une sacrée personnalité. Il s'agit de Katia. Elle s'approche de lui pour lui demander s'il veut bien soigner son frère blessé. Il tombe instantanément amoureux d'elle, accepte, se rend dans sa maison et c'est là qu'il tombe sur un mystère : il se rend compte que le frère jumeau est assez spécial, qu'il n'aime pas du tout qu'il s'approche de sa sœur. Il va carrément lui interdire de tomber amoureux d'elle. Là dedans , le père est aussi un peu lunaire. Katia, elle, est fuyante. Elle lui explique que son véritable nom est Hortense mais qu'il faut continuer à l'appeler Katia mais aussi qu'un esprit rode. A ses risques et périls, il reste avec cette famille qui a fui la capitale pour une histoire de crime...

C'est un super roman noir avec des accents un peu gothiques. On a le passé qui vient pénétrer le présent. Ils se retrouvent en huis clos et c'est magnifiquement bien écrit, maîtrisé de la première à la dernière ligne. Un bijou." (Anne-Sophie Rouveloux).

Comme une rivière bleue de Michèle Audin, aux éditions, aux éditions Gallimard

"Le titre du livre est une citation et un jeu de mots avec "comme une" et "commune" parce qu'il s'agit d'un livre sur la Commune de Paris. On connaît la formule de Perec qui parlait de l'Histoire avec sa grande hache, on est totalement là-dedans. Par ailleurs, Perec était oulipien (adepte de la littérature avec contraintes, comme par exemple bannir une lettre de l'écriture, ndlr.), Michèle Audin l'est aussi. 

Il y a trois voix différentes dans le livre. D'une part, celles du petit peuple de Paris dont on croise les vies au fur-et-à-mesure. Dans le même temps, on a un narrateur qui parle de l'écriture de son propre livre sur La Commune et qui, se promenant dans Paris, retrouve des traces. Et enfin, un interlocuteur inconnu qui envoie régulièrement à l'auteur, sous forme de mails, des petites notes sur la Commune. Ce sont parmi les passages les plus réussis. Cet interlocuteur envoie par exemple une liste de fleurs qui permettent de raconter la Commune de Paris par leur couleur, leur symbolisme, le fait qu'elles renaissent au printemps, etc.

En tissant ces trois histoires ensemble, on a un espèce de panorama de la Commune, de son poids politique et surtout du peuple parisien, de ses aspirations et de ses grands personnages. C'est très beau, très touchant." (Jérémie Banel).