"Le Jeu de la dame" : comment les créateurs ont rendu les parties d'échecs crédibles

La série "Le Jeu de la dame" a fait un carton sur Netflix.
La série "Le Jeu de la dame" a fait un carton sur Netflix. © PHIL BRAY/NETFLIX © 2020
  • Copié
Clémence Olivier
SERIELAND COULISSE - Fin 2020, "Le Jeu de la dame", une série qui raconte l'histoire d'une jeune prodige des échecs a créé la surprise sur Netflix, séduisant les néophytes comme les adeptes de la discipline. Et pour cause, les créateurs ont fait en sorte que le jeu de stratégie soit présenté de la façon la plus réaliste possible à l'écran.
PODCAST

Un jeu de stratégie, une héroïne accro aux médicaments et une tension palpable... Cette semaine, dans SERIELAND, Clémence Olivier vous emmène dans les coulisses de la série "Le Jeu de la Dame".

En octobre 2020, une série diffusée sur Netflix crée la surprise. Le public la dévore et on ne s'y attendait pas. Elle raconte l'histoire d'une jeune prodige des échecs dans les années 1960 aux Etats-Unis. Cette série, c'est "Le Jeu de la dame" ou en anglais "The Queen's Gambit". Dans cette fiction en sept épisodes, adaptée d'un roman de Walter Travis publié dans les années 80, on suit la jeune Beth Harmon qui se découvre donc une passion et un talent pour les échecs. On la voit enchaîner les tournois avec brio. Elle déplace les pièces avec souplesse et chacun de ses coups nous laissent sans voix.

Ce qui est étonnant, c'est que la série arrive à nous fasciner même si l'on n'y connaît rien aux échecs. Mais ce qui est sans doute tout aussi fort c'est que les professionnels des échecs ont également été bluffés, car toutes les scènes de jeu de la série sont totalement crédibles ! Ce n'est pas moi qui le dit, c'est Dylan Loeb McClain, un journaliste expert des échecs. Dans le New York Times, il affirme que la série est l'une des meilleures adaptations du jeu à l'écran. Et il n'est pas le seul à avoir été séduit. La championne d'échecs Mitra Hejazipour est aussi convaincue. Elle le raconte dans les colonnes d'Ouest-France. 

Des pointures des échecs 

Pour que la série soit réaliste, les créateurs ont fait appel à des consultants ! Et pas n'importe lesquels : des pointures des échecs comme Bruce Pandolfini, l'un des enseignants les plus célèbres de cette discipline. Sur le tournage, il veille à l'orientation du plateau de jeu (il faut toujours qu'il y ait un carré blanc dans le coin en bas à droite), il prend garde aux positions des pièces (La reine et le roi ne doivent pas être inversés sur leurs cases de départ) et il apprend aux comédiens à déplacer et à manipuler les pions de la façon la plus naturelle possible, confie-t-il dans un article publié sur IndieWire.com. Il n'était pas question qu'ils soient doublés par des joueurs professionnels ! 

Pour aider les acteurs à retenir les mouvements de leurs pions, Bruce Pandolfini a plusieurs astuces. Il leur envoie des vidéos de joueurs qui jouent les mêmes coups qu'eux. Il leur donne des moyens mnémotechniques et, on ne le voit pas dans la série, mais il fait aussi des annotations sur les plateaux de jeu. Enfin, il suggère aux réalisateurs de tourner les parties d'échecs en séquences courtes, pour éviter les trous de mémoire des comédiens... 

Vous voulez écouter SERIELAND ? 

>> Retrouvez les épisodes sur notre site Europe1.fr et sur Apple PodcastsSpotify, Google podcastsDeezerAmazon Music, Dailymotion et YouTube, ou vos plateformes habituelles d’écoute.

>> Retrouvez ici le mode d'emploi pour écouter tous les podcasts d'Europe 1

Les parties inspirées de compétitions réelles

Mais Pandolfini n'était pas le seul à offrir ses conseils. Le Russe Garry Kasparov, champion du monde d'échecs et considéré comme l'un des meilleurs joueurs de la planète, est aussi intervenu sur la série. Il a notamment aidé les créateurs sur les épisodes dans lesquels l'héroïne affronte des personnages soviétiques. C'est Kasparov qui rappelle notamment que dans les années 1960, les joueurs russes ne se déplacent jamais sans un membre du KGB lors des tournois internationaux. 

C'est aussi le champion du monde qui suggère certaines parties d'échecs visibles dans la série. Et c'est ce qui fait aussi que les scènes de jeu sont réalistes : elles sont toutes inspirées de compétitions réelles. Par exemple, le match dans lequel Beth joue pour le titre de l'État du Kentucky était à l'origine un match joué à Riga, en Lettonie , en 1955. Et la dernière partie, celle où Beth affronte le russe Borgov, elle, est inspirée d'une compétition jouée en Suisse, à Biel, en 1993. Et si Kasparov l'a choisie c'est parce qu'elle démarre avec le sacrifice volontaire d'un pion. Ce mouvement on l'appelle "gambit"...  Et ca explique le nom de la série en anglais The Queen's gambit.

Pour autant, dans la série tout n'est pas totalement fidèle à la réalité. Par exemple, dans la série, les joueurs discutent pendant la partie. C'est pourtant interdit en tournoi. Ils bougent leur pions très vite après leur adversaire ce que ne font pas les pros… Enfin, ils prennent bien moins le temps de réfléchir que de véritables joueurs d'échecs. Et c'est logique, Le Jeu de la dame reste une fiction. L'objectif, c'est de tenir les spectateurs en haleine. Et avec un sujet aussi pointu que les échecs, le défi était grand. Il a été relevé haut la main. Le Jeu de la dame a battu un record d'audience sur Netflix. En 2020, elle était la mini-série la plus regardée de la plateforme sur un mois.  

 

Le Jeu de la dame

C'est une mini série en 1 saison, 7 épisodes

Elle est disponible sur Netflix