"Le Grand Bleu", "Kramer contre Kramer" : les films de la vie de David Foenkinos

David Foekinos nous parle dans l'émission Clap! sur Europe 1 des films qui ont marqué sa vie.
David Foekinos nous parle dans l'émission Clap! sur Europe 1 des films qui ont marqué sa vie. © Europe 1
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Mathieu Charrier, édité par Séverine Mermilliod
Dans l'émission cinéma d'Europe 1, "CLAP !", un invité se prête chaque semaine à un questionnaire cinéma sur les films de sa vie. Samedi, c'est l'écrivain David Foenkinos qui a répondu aux questions de Mathieu Charrier.
INTERVIEW

Tous les samedis pendant une heure dans CLAP !, le spécialiste cinéma d'Europe 1, Mathieu Charrier, fait le tour de l'actualité du septième art. Chaque semaine, un invité, qu'il soit ou non du monde du cinéma, se soumet à un questionnaire personnel sur les films de sa vie. Samedi, l'écrivain David Foenkinos, qui vient de sortir un nouveau roman qui s'appelle La famille Martin, s'est prêté au jeu.

Votre premier souvenir de cinéma?

"Mon premier souvenir est assez particulier puisque c'est mon oncle Alain qui m'a emmené voir Diva, de Jean-Jacques Beineix, à l'âge de 6 ans. Autant dire que je n'ai absolument rien compris. Mais en même temps, j'ai été hyper flatté de voir un film d'adulte et j'en ai un souvenir forcément incroyablement marquant, de l'atmosphère, de l'ambiance. Je l'ai revu plusieurs années après et c'est vrai que le premier film, c'est inoubliable."

Votre meilleur souvenir en salle ?

"Mon meilleur souvenir, c'est un peu plus tard. C'est vraiment à la grande époque de la folie du Grand Bleu de Luc Besson. Les gens ont oublié mais c'était complètement dingue. J'avais à ce moment là 15 ans et je suis allé voir 8 fois Le Grand Bleu et au Grand Rex, c'était exactement comme si on allait voir Lady Gaga. C'était complètement fou. Les gens criaient dès qu'il y avait le générique du début, ça applaudissait à chaque prénom. On riait, il y avait un type de fan-attitude que je n'ai jamais retrouvée sur aucun autre film. Et c'est vrai que ça a été une époque assez magique."

Votre pire souvenir en salle ?

"Ce n'est pas un souvenir lié au film, mais à la peur. Là aussi, il faut imaginer que moi, je suis né en 1974. Donc pas de DVD, pas de films à la maison. A l'âge de 8 ans, ma grand-mère m'a emmené voir E.T.l'extraterrestre et je n'avais jamais vu un film comme ça. Maintenant, ma fille qui a 6 ans adore voir E.T., elle n'a aucun problème, elle est très tranquille par rapport à ça. Mais moi, je me souviens avoir crié, être sorti de la salle immédiatement dès que j'ai vu l'apparition de E.T."

Le film culte que vous n'avez jamais vu ? 

"Je ne devrais pas le dire, mais c'est Le Guépard. Il y a des films cultes comme ça... En plus, j'adore Visconti - Mort à Venise est un film que j'ai vu vraiment de nombreuses fois. Mais Le Guépard, je me suis rendu compte en préparant votre émission que j'avais l'impression de l'avoir vu puisqu'on connaît tellement les images, on voit Delon dans ce bar, (Burt) Lancaster... Mais je me suis rendu compte que je ne l'avais jamais vu."

La plus belle scène de cinéma selon vous ? 

"C'est difficile de choisir, mais je dirais une scène des Choses de la vie de Claude Sautet, parce que je trouve qu'il n'y a rien de plus dur au cinéma que de filmer le bonheur. La simplicité du bonheur, c'est toujours très casse gueule. Donc il y a une scène comme ça où Piccoli et Romy Schneider sont dans la chambre. C'est magique, c'est simple. Elle a les épaules dénudées, elle se lève à un moment donné, elle est en train d'écrire sur une machine à écrire et il tape quelque chose sur la machine à écrire. Et quand elle revient s'asseoir, elle lit simplement une déclaration. Une idée simple, une beauté, une fulgurance. Pour moi, c'est avec une économie absolue l'expression du bonheur le plus total. Et cette scène me fascine."

Le film qui vous a fait le plus rire ?

"Il y en a beaucoup. Je suis assez bon public, mais je pense que Tellement proches de Nakache et Tolédano, c'est pour moi un sommet. En même temps, c'est un film qui me touche beaucoup et me fait pleurer à la fin. Mais je trouve qu'il touche, avec un humour qui résonne en moi. Tous les personnages me font rire dans cette banlieue, à Créteil, dans les immeubles qui ressemblent à des choux. Il y a plein, plein, plein de répliques que je trouve hilarantes. Il y a une énergie. Nakache et Tolédano je les admire énormément et c'est une vraie référence pour mon frère et moi."

Et le film qui vous a fait le plus pleurer ?

"Je dirais, après avoir eu un enfant, que c'est Kramer contre Kramer. Je me souviens l'avoir vu quand mon fils avait 5 ou 6 ans. C'est un tire-larmes absolu, une sorte de progression narrative absolument magique et bouleversante. Dans ce film, on est progressivement attrapé par ce que ressent Dustin Hoffman, par son émotion, le rapport qu'il développe à son fils. C'est d'une force inouïe et c'est vrai qu'à la fin Meryl Streep revient pour prendre l'enfant, c'est insoutenable d'émotion. Je me souviens avoir beaucoup pleuré."

La bande originale qui a le plus marqué votre vie ?

"Ce n'est pas du tout pour parler de moi ou de mes films, mais c'est vrai que la relation que j'ai pu avoir avec Émilie Simon sur notre film, La délicatesse, c'est la bande-originale la plus importante pour moi parce que ça a été magique de collaborer avec elle. Sinon, Enio Morricone dans Les incorruptibles ou toutes les musiques de Philippe Sarde, de Georges Delerue. Ça me fait penser aussi à Miles Davis devant un ascenseur pour l'échafaud. J'aime bien les musiques qui ont l'air d'être composées face aux images, presque improvisées comme une errance, note par note."