Le confinement de Bernard Pivot : "J'ai des lunettes, des prothèses auditives et un masque"

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Margaux Lannuzel

Il n'a pas connaissance d'une oeuvre littéraire de science-fiction qui aurait anticipé la crise sanitaire mondiale qui sévit actuellement, mais continue d'acheter chaque jour "L'Equipe", malgré la suspension des matches de football qu'il aime tant. Bernard Pivot, journaliste, écrivain et ancien président de l'Académie Goncourt, raconte son confinement au micro de Frédéric Taddeï. 

Comment se porte Bernard Pivot ? "Moyennement". Confiné, l'ancien président de l'Académie Goncourt voit, comme tout le monde qu'il y a "plein de soleil dehors". "Je suis un peu perplexe, je ne suis pas bien dans ma peau", confie-t-il à Frédéric Taddeï. "Et puis parfois, je me dis : c'est formidable ce que tu vis. Parce que ce qu'on vit est exceptionnel, je pense qu'on en est tous conscients."

 

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"La nature humaine est très souple"

Pourtant, Bernard Pivot dit avoir déjà été confiné. "Pendant les quinze ans et demi d'Apostrophe (émission littéraire qu'il a présentée entre 1975 et 1990, ndlr), j'étais confiné chez moi. Les seuls moments où je quittais mon appart', c'était le vendredi soir pour aller rejoindre le studio de télévision. Mais j'étais confiné volontairement, et là je suis confiné par obligation. J'étais confiné pour gagner ma vie, je suis confiné pour ne pas la perdre."

 

Alors, depuis chez lui, l'écrivain observe "des changements absolument incroyables". "Finalement la nature humaine est très souple, très obéissante. Il y en a quelques uns qui font du jogging à des heures interdites, mais à part ces révolutionnaires tout le monde est bien calfeutré chez lui", sourit-il. "On s'habitue à tout."  

"Que des vieux de la vieille"

Pour passer le temps, Bernard Pivot lit, mais pas de la science fiction : il n'a pas connaissance d'un auteur qui aurait "anticipé" la crise sanitaire du coronavirus. Malgré la suspension des championnats de football, il ne renonce pas à cette seconde passion et achète L'Equipe tous les matins. "Ils ne nous parlent que des vieux de la vieille (avec des rétrospectives, ndlr). Il n'y a plus rien, les 2-0 et les 3-1 c'est fini", soupire-t-il. 

"Plus généralement, sur les chaînes sportives, on ne passe plus que des vieux matches, de la Coupe du Monde, de l'Euro.. J'ai même vu un vieux derby Saint-Etienne-Lyon !", observe le journaliste. "Et puis sur les autres chaînes de télévision, vous ne voyez que des films populaires, avec Louis de Funès, des films de cape et d'épée... C'est extraordinaire. on vit dans le passé."

"Tous les regards se sont tournés vers moi"

Prudemment, Bernard Pivot sort un peu, en attendant de retrouver un présent qu'il reconnaisse. "J'ai des lunettes, des prothèses auditives, et un masque. Heureusement que je ne mets pas de bijoux !", s'amuse-t-il. Dans un commerce, il y a quelques jours, il a éternué. "Dans mon masque. Mais ça a été terrible. Tous les regards se sont tournés vers moi, comme si j'avais la peste. Je ne me suis pas excusé, mais j'étais honteux."