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Rémi Duchemin , modifié à
Le célèbre château de Chantilly, au nord de Paris, est en grande difficulté financière, en raison de la crise sanitaire. Il pourrait même être en cessation de paiement fin mars. Stéphane Bern, Monsieur Patrimoine, animateur d’Historiquement vôtre sur Europe 1, appelle l’Etat à la réouverture des musées pour sauver ce site, et d’autres.

C’est un décor de carte postale : un château Renaissance entourée d’eau et de jardins bucoliques au nord de Paris. Ce château, c’est celui de Chantilly, haut lieu de l’histoire de France. Mais le site est aujourd’hui en grand danger en raison de la crise sanitaire. "On a que des charges et aucune recette. Ce qui fait qu’on a plus d'argent dans la trésorerie, et fin mars-début avril, si rien n’est fait, Chantilly sera quasiment en cessation de paiement", prévient sur Europe 1 Christophe Tardieu, administrateur général du domaine. Une situation insupportable pour Stephane Bern. "La seule chose qu'il faut faire, la solution, c'est rouvrir d'urgence les musées", lance mardi l’animateur d’Historiquement vôtre sur Europe 1.

Un appel que celui qui est parfois surnommé "Monsieur patrimoine" lance directement à l’Etat. "Il n'y a aucun risque de contagion de contamination dans les musées, rappelle-t-il. "Le musée de Sèvres a une exposition qu'on ne peut pas visiter. Eh bien, ils sont allés dans une galerie marchande à Paris faire l'exposition. Et là, tout le monde peut y aller. On peut aller visiter n'importe quelle galerie d'art pour acheter un tableau, mais on ne peut pas visiter Chantilly pour voir les merveilles de Botticelli, de Raphaël et des autres. Ça me paraît complètement incompréhensible", se désole Stéphane Bern.

Un domaine ni public, ni privé

L’animateur rappelle pourtant que le château de Chantilly, "c'est le deuxième musée de peinture de France après le Louvre, les gens ne l’imaginent pas. Vous avez une collection de peintures unique au monde". Mais c'est son statut particulier qui dessert le domaine. "Il appartient à l'Institut de France. Il a été légué par le duc d'Aumale, le dernier des fils de Louis-Philippe. Avec des conditions suspensives", rappelle Stéphane Bern. "Si jamais les conditions ne sont pas remplies, si vous touchez à un tableau de l'accrochage, vous perdez l'héritage du duc d'Aumale."

Résultat, le château n'est ni public, ni tout à fait privé. "C'est un peu compliqué pour nous parce qu'on ne peut pas bénéficier des aides pour le privé, et on ne peut pas bénéficier des aides pour le secteur public", confirme Christophe Tardieu, administrateur général du domaine. Et le château a été fermé cinq mois en 2020, alors que la billetterie est sa principale source de revenus. Résultat : plus de 6 millions d'euros de pertes, soit plus de la moitié de son chiffre d'affaires. Un déficit qui se creuse chaque jour puisqu'on ne sait pas quand le lieu rouvrira.