"La Vie est belle", "Le Roi lion", "Last Action Hero" : les films de la vie de Joël Dicker

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Mathieu Charrier , modifié à
Dans l'émission cinéma d'Europe 1, "CLAP !", un invité se prête chaque semaine à un questionnaire cinéma sur les films de sa vie. Samedi, c'est l'écrivain suisse Joël Dicker qui a répondu aux questions de Mathieu Charrier, avec un goût prononcé pour les années 1990.
INTERVIEW

Tous les samedis pendant une heure dans CLAP !, le spécialiste cinéma d'Europe 1, Mathieu Charrier, fait le tour de l'actualité du septième art. Chaque semaine, un invité, qu'il soit ou non du monde du cinéma, se soumet à un questionnaire personnel sur les films de sa vie. Samedi, l'écrivain suisse Joël Dicker, auteur notamment de L'Énigme de la Chambre 622, s'est plongé dans ses souvenirs de cinéphile, des années 1990 avec La Vie est belle et Le Roi lion, jusqu'à la déception Tenet et l'espoir James Bond.

Votre premier souvenir de cinéma ?

J'aurais dit Rox et Rouky de Walt Disney. C'est un souvenir de cinéma parce que je ne me souviens plus très bien du film, mais je me souviens de cette fascination pour la salle. C'était à la salle de l'Alhambra, qui était un vieux cinéma à Genève, qui est maintenant surtout utilisé comme salle de concert avec des vieux sièges à l'ancienne et un plafond immense, une atmosphère très particulière. Je crois que j'avais été plus passionné encore par l'atmosphère, cette séance assise consacrée à ce film, que par le film en lui-même. 

Votre meilleur souvenir en salle ?

J'hésite souvent entre un film où j'ai pleuré et un film où j'ai ri. Pleurer est une émotion plus forte que le rire, parce qu'elle fait appel à quelque chose au plus profond de vous, qui vous définit, qui vous touche vraiment et qui révèle un peu qui vous êtes. Mais quand on rit, quand on est ému de rire, c'est un sentiment tellement fort et tellement prenant. J'ai envie de mêler les deux et de vous parler de La Vie est belle, de Roberto Benigni, qui est un film que les gens citent souvent, mais qui, pour moi, unit un peu ces deux mondes, le monde du rire et le monde des larmes.

Avec ce film, ce qu'il y a de très beau, c'est cette hésitation entre pleurer et rire. Et puis, à un moment donné, on rit franchement et on pleure vraiment. C'est un film que j'ai ensuite souvent revu à la télévision. Enfin, il y a une séquence que je me repasse souvent : quand Roberto Benigni remporte l'Oscar du meilleur film étranger. Ça, c'est une séquence qui peut me faire pleurer.

Votre pire souvenir en salle ?

C'est un film auquel je n'ai rien compris, mais j'ai un peu honte parce qu'en même temps j'étais heureux, car il y avait alors une petite réouverture des salles : c'est Tenet de Christopher Nolan. Je n'ai rien, mais alors rien compris ! C'est très frustrant, Christopher Nolan est pour moi un des plus grands cinéastes actuels. Malheureusement pour lui, je crois qu'il est arrivé à un tel niveau que parfois, il y a une attente qui se construit autour de ça et peut-être qu'il essaye aussi de jouer sur cette attente.

J'ai revu juste après, dans ma frustration, Le Prestige, un film extraordinaire. Au fond, c'est un film simple, dans le meilleur sens du terme, parce que c'est difficile d'être simple. C'est facile d'être banal, mais être simple, c'est vraiment l'exercice le plus difficile qui soit. C'est un film où deux magiciens s'affrontent l'un contre l'autre. Le dénouement est facile à comprendre et c'est agréable, parfois, d'avoir un film qui se comprend.

Le film que vous auriez aimé voir au cinéma ?

J'attends patiemment de voir le prochain James Bond au cinéma quand il sortira. J'aimerais dire aux gens : 'Soyez patients, ne soyons pas tentés d'avoir une sortie en plateforme comme cela a été le cas pour certains films'. Attendons, soyons patients. On a attendu ce film et on va l'attendre encore un petit peu. C'est un peu le signal de l'espoir dont on a besoin : on est dans une situation pour toute la culture, mais en particulier pour les exploitants de salles de cinéma, très difficile. Pour eux, soyons patients.

Le film dans lequel vous aimeriez vivre ?

Je vais répondre Last Action Hero, un film que j'ai adoré. C'est un film qui explique toute la magie du cinéma, mais aussi de la lecture. Vous entrez dans un monde, que vous créez et qui vous appartient. J'ai appris après coup que c'est un des films qui a fait partie du déclin d'Arnold Schwarzenegger. Dans ce film, un petit garçon a un ticket de cinéma magique qui lui permet d'entrer dans le film. Cette espèce d'aspect méta-film, dans lequel il y a le film à l'intérieur du film, beaucoup de gens n'ont pas compris.

La bande-originale qui a marqué votre vie ?

Il y en a beaucoup. Souvent, quand on est interrogé, il y a la première réponse immédiate, qui nous définit. On hésite un peu, parce qu'on se dit 'attention, c'est Europe 1, c'est très sérieux, des gens vont me juger'. Mais, au fond, il ne faut pas avoir honte de ce qu'on est, on n'y peut rien. La bande-originale du Roi Lion, c'est quelque chose que j'écoute toujours. C'est toujours aussi extraordinaire.