Katherine Pancol : "Les gens qui déplorent mon style n’aiment pas le son des mots"

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A.D
La romancière française habituée au succès publie "Trois baisers". Pour Europe 1, elle a dévoilé son parcours et son mode opératoire pour la fabrication d'un roman.

Après avoir disserté de crocodiles et d'écureuils, Katherine Pancol revient à des titres amoureux en sortant Trois Baisers, aux éditions Albin Michel, un roman qui reprend les personnages phares de ces précédents ouvrages. Invitée dans l'émission Il n'y a pas qu'une vie dans la vie, la romancière a décrit son processus d'écriture.

"J'aurais mal tourné". Repérée par Robert Laffont après un papier écrit dans le magazine féminin "Cosmo", Katherine Pancol se lance dans l'écriture à 24 ans et donc sur commande. Ce sera Moi d'abord, paru en 1979, finalement aux éditions du Seuil. "J'avais écrit 15 feuillets à Robert Laffont et il m’avait dit je vais vous signer un contrat tout de suite." Mais la jeune auteure prend peur. Peur de ne pas finir l'ouvrage. Elle le termine pourtant, l'envoie finalement chez Grasset et au Seuil. La maison d'édition lui répond sous 24h. Pour celle qui pense qu'elle aurait "mal tourné" si elle n'avait pas lu, l'histoire vire au conte de fées.

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Quand vous arrivez de l’extérieur, que vous avez du succès et que vous êtes une femme et que vous êtes blonde, alors là…"

Chacun de ses romans depuis lors s'est vendu entre 500.0000 et deux millions d'exemplaires. Seule ombre au tableau : certains déplorent un certain manque de style. Elle se défend : "Je trouve que j’écris très très bien. Les gens qui déplorent mon style n’aiment pas le son des mots. Les mots c’est comme les musiciens, du rythme, il y de gens qui n’aiment pas du tout Wagner, qui préfèrent Mozart ou Bach. Les gens qui disent que je n’écris pas bien, c’est qu’ils n’aiment pas ma musique." Au passage, elle fustige le fait qu'en France 'tout se mélange". Les critiques sont "journalistes, écrivains, éditeurs, chroniqueurs, ils ont toutes les casquettes. Quand vous arrivez de l’extérieur, que vous avez du succès et que vous êtes une femme et que vous êtes blonde, alors là…", dit-elle, laissant sa phrase en suspens. 

Cours d'écriture à Columbia. Elle a aussi un argument : elle a appris l'écriture, à Columbia, à New York. C'est dans la ville américaine découverte l'été de ses 16 ans qu'elle s'installe après le succès de son premier roman. Au bout d'un ou deux ans, son éditeur l'appelle pour un second ouvrage. Le premier était très autobiographique, elle se servait de son vécu. Pour le second, elle ne sait pas comment faire, mais profite du fait qu'une amie travaille à l'administration de l'université pour suivre des cours d'écriture, sans frais, mais aussi sans notes et sans diplôme.

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J’ai des petits carnets pour chaque personnage important, des fiches pour les personnages secondaires

Des personnages, "comme une famille". Que l'on aime ou pas son style, désormais sa "routine d'écriture" est bien établie. Elle n'a aucun plan de construction, ne connait jamais la fin du livre pendant sa rédaction, mais vit avec ses personnages. "C’est comme votre famille", dit-elle. "J’ai des petits carnets pour chaque personnage important. Après, j’ai des fiches pour les personnages secondaires." Pour un roman, une idée émerge, puis "pendant à peu près un an, j’approfondis, je bourre de détails. Quand tout est prêt, la première phrase arrive. Elle m’est donnée soit quand je m’endors, soit quand je me réveille. C’est pour ça que c’est très important de méditer." Au fil de ses romans, elle intègre les évolutions de société. "Ce qui a changé, ce sont les comportements sexuels, et en même temps je trouve qu’il y a moins d’échanges de l’âme, du cœur, on est plus tombé dans la consommation que dans le véritable échange affectif. Ce qui me surprend, c’est les femmes en général. Elles ont toujours un complexe de ne pas être à la hauteur mais font davantage."

Des indics. Elle aime aussi dire qu'elle ajoute une part de détective à ses travaux. En plus d'observer les gens et de récolter "des indices", une expression entendue ou un trait de caractère entrevu qui seront attribués à ses personnages, elle active son réseau de contacts. "J’ai le monde de la ferraille, de la mode, de l’université, de l’écriture, des adolescentes… Dans chaque monde, j’ai un ou deux indics", s'amuse-t-elle. Elle s'informe auprès d'eux, noircit des pages, laisse infuser et prélève quelques détails qui seront mêlés au roman. "Les dialogues arrivent quand on a besoin de syncope." Un véritable processus qui n'empêche pas la fameuse terreur de la page blanche : "C’est tous les jours quand je rallume mon ordinateur."