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Aurélie Dupuy , modifié à
Photographe de mode devenu star, le fils biologique d'Henri Salvador est revenu, au micro d'Isabelle Morizet, sur la genèse de sa carrière. 
INTERVIEW

Yves Saint Laurent ou Karl Lagerfeld ont été immortalisés dans l'objectif de Jean-Marie Périer. Alors que l'exposition Fashion Galaxy lui est consacrée jusqu'au 12 mai à la galerie Photo 12, à Paris, pour revoir les clichés de sa grande époque mode dans les années 90, le photographe était invité de l'émission Il n'y a pas qu'une vie dans la vie. Il est revenu sur le début de sa carrière, dans les années 60.

"J'ai vraiment eu du bol". Les sixties sont pour lui l'époque "où tout commence. Les 12-20 ans de l’époque viennent voir mes photos parce que ça leur rappelle leur jeunesse, ce qui n’a rien à voir avec les années 90. Les années 90, c'était parce que j’avais la chance d’avoir une sœur qui dirigeait Elle." A l'époque, les couturiers étaient alors les nouvelles rock stars. Toujours au bon endroit au bon moment, il le concède : "Moi, j’ai vraiment eu du bol."

"J'ai fermé mon piano pour toujours". Pourtant, le photographe est venu à son art par hasard. "Je ne me considère même pas comme photographe, je suis un dilettante, un amateur de ma profession", dit-il, en souriant. C'est Daniel Filipachhi, qu'il considère comme son troisième père, qui lui a mis un Leica dans les mains alors qu'il n'avait que 16 ans. Car Jean-Marie Périer a eu deux autres figures paternelles : celui qui l’a élevé, l’acteur François Périer, ainsi que son père biologique dont il a appris l’existence l’année de ses 16 ans, Henri Salvador. "J’étais musicien, je jouais du piano. Lorsque j’ai appris que mon géniteur était musicien (...) j’ai fermé mon piano pour toujours. (...) Ma vie s’est arrêtée en 1956, et depuis j’en ai vécu une différente tous les dix ans parce que ça ne compte pas à côté de la musique. Je peux faire des photos, des films, des livres…", explique-t-il.

"Passé à côté" de Bowie. Le photographe a ainsi eu une vie de vidéaste de pubs pendant ses années américaines, une autre de cinéaste tout court pour faire tourner Jacques Dutronc. Le point commun de toutes ses vies est d'avoir toujours croisé des légendes. Voire d'avoir vécu à leurs côtés. Il a ainsi habité chez Mick Jagger à Londres. Une nuit, la star des Stones l’emmène même chez David Bowie. "Il m’a réveillé à 2h du matin et m’a dit 'Je vais te montrer ce que c’est qu’un vrai cinglé'. On a traversé la ville à pied." Dans la rue, la musique rock couvre tout bruit "et le type qui a ouvert était en espèce de nuisette curieuse avec un nourrisson dans les bras" : David Bowie. Mais de la star britannique, il avoue être "passé à côté. Je ne l’ai pas connu. Je ne pouvais pas faire tout le monde mais j’étais vraiment obsédé par Françoise (Hardy), Dutronc, Mick Jagger."

Au cœur du spectacle, il a aussi toujours gardé une certaine distance : "Je ne voulais pas ressembler aux Stones ou aux Beatles. Je n’ai jamais essayé d’être eux. Ce n’était pas facile d’être celui qui refusait la petite boîte magique, mais ça a peut être créé des rapports de confiance parce qu’ils voyaient bien que je n’essayais pas d’être eux (...) Je passais beaucoup plus de temps à vivre avec eux qu’à prendre des photos, c’est ce qui faisait aussi qu’on avait des rapports sains."

Le jour où il s'est fâché avec John Lennon

Fou de Mick Jagger, Jean-Marie Périer a aussi côtoyé les Beatles, avec visiblement un peu moins d'atomes crochus. John Lennon "était compliqué. Il avait un talent fou mais ce n’était quand même pas de la tarte. Je me suis fâché avec eux, avec lui", se reprend-il. "C’était pendant l’enregistrement de Sergent Pepper. Ils m’avaient engagé pour faire des pochettes de disque. J’ai fait un studio dans le studio pendant une dizaine de jours. Ce qui était compliqué, c’est qu’il fallait toujours faire des photos des quatre. Pour le journal (Salut les copains), il fallait faire des photos du groupe en entier. Il y en a toujours un qui était en train de parler aux anges sur le toit. Plus tard, au moment de choisir les photos, je me suis engueulé avec John et je suis parti", raconte le photographe qui estime avoir "eu tort" sans pour autant s'en mordre les doigts.