Philippe Manoeuvre : 1967, l'année où "les Beatles font leur chef-d'oeuvre"

En 1967, pour les Beatles, il n'y a pas que la musique mais aussi les moustaches !
En 1967, pour les Beatles, il n'y a pas que la musique mais aussi les moustaches ! © JOHNNY EGGITT / AFP
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A.D
"Sergent Pepper", fête ses cinquante ans. Mais 1967 n'a pas été que l'année des Beatles. 1967 est au rock, ce que le 15 août est sur les routes, un summum.
INTERVIEW

Cinquante ans pour Sgt Pepper, l'album culte des Beatles sorti en 1967. Cet anniversaire est l'occasion de célébrer cette année toute entière, puisqu'elle a marqué un tournant pour le rock. Le journaliste Philippe Manoeuvre, spécialiste incontournable en la matière, était l'invité de l'émission C'est arrivé cette semaine pour évoquer cette cuvée millésimée.

"Magie". 1967 ? "Les Beatles font leur chef-d'oeuvre. En 1966, ils préviennent qu'ils arrêtent les tournées et ensuite, ils rentrent en studio et ils vont passer 129 jours à préparer un album. Du jamais vu. Un album, ça prenait quatre jours ! Ils sont à l'apogée de leur talents. Lennon n'écrit que sur lui, McCartney que sur les autres. L'un intériorise, l'autre extériorise, ça a fait la magie des Beatles. Ça va aboutir à un concept album, à écouter du premier morceau au dernier."

Gang de moustaches. En plus de la musique, il y a le style. "Quand ils arrivent sur Sergent Pepper, ils ont tous des bacchantes, des moustaches, des favoris, des barbiches, des boucs. Ils ont cet espèce de système pileux qui leur fait dire 'On est des bonhommes, vos grands frères et on continue à montrer la voie'. Quand leur disque sort, c'est un tel phénomène que Jimi Hendrix, en concert trois jours après, joue Sergent Pepper comme premier morceau."

"Coup de tonnerre dans le ciel bleu". 1967 est aussi l'année où sortaient les premiers albums de David Bowie, des Pink Floyd, du Velvet Underground, de Jimi Hendrix, mais aussi de Janis Joplin. "C'est l'été de l'amour. Le 'summer of love", c'est 67. Si cette année est aussi culte, c'est parce que les racines avaient pris peu avant. Les Beatles arrivent en 1962 et c'est un coup de tonnerre dans le ciel bleu. Plein de gens commencent à faire des trucs, à bricoler." Le bouillonnement éclot cinq ans plus tard. "Les Pink Floyd, qui grenouillaient depuis deux ans, rentrent en studio et c'est incroyable. Les Beatles sont dans le studio en face et sont très impressionnés. Les Floyd brisent la barrière des trois minutes" réglementaires pour un seul morceau.

Contexte. Tout bouge à Londres, mais aussi aux Etats-Unis. Les Doors sortent en janvier 1967. Déjà en 1966, les Beach Boys avaient donné le ton avec Pet Sounds et avaient, au passage, aussi impressionné les Beatles. Janis Joplin chante avec des garçons et change aussi la donne. "Jusque là, on avait des 'girls groups', les Shangri-Las, les Ronettes, les Supremes. C'était de la pop musclée, mais d'un seul coup, Janis Joplin déchire le blues. Une année miraculeuse pour le rock, qui s'explique aussi par son contexte, la guerre du Vietnam et l'avant 1968".