Haroun 2:33
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Alexis Patri
L'humoriste Haroun publie "Les pensées d'Héractète", un livre philosophico-humoristique et devrait, en fonction des règles sanitaires, remonter sur scène dans les mois qui viennent. Invité de "Culture Médias" jeudi, il revient sur deux passages de son spectacle pour raconter ce qui l'intéresse dans le fait de faire rire avec des sujets polémiques.
INTERVIEW

Il ne s'interdit aucun sujet. Dans son spectacle Seuls, qui doit reprendre dans les prochains mois à Paris, puis en tournée en France, Haroun s'amuse à faire rire de sujets qui créent habituellement la polémique. Invité de Culture Médias jeudi, l'humoriste explique l'intérêt qu'il trouve à traiter de ses sujets sensibles. Il prend pour cela l'exemple de deux passages de son spectacle : l'un sur le voile islamique et l'autre sur les manifestations conte les violences faites aux femmes. "'J'aime bien les sujets polémiques, mais en fait, je trouve surtout que c'est intéressant d'en parler et de se parler", explique-t-il.

Selon Haroun, l'humour peut permettre de "polémiquer pacifiquement". Dans son sketch sur le voile, il fait dire à un ami musulman, qui pense que les femmes doivent se voiler pour ne pas exciter les hommes, qu'il est plus attiré par les mollets que par les cheveux. Et que par conséquent sa femme porte des chaussettes de football. "À chaque fois que l'on prête une pensée à toute une communauté ou un peuple, on oublie que dans cette communauté, il y a des gens qui ne sont pas d'accord entre eux", observe-t-il. "Et ce, quelle que soit la communauté ou le peuple. Et c'est important de rappeler que chacun a sa singularité et ses propres pensées."

"Qu'est-ce qui est contestable en moi quand j'essaie de montrer que je suis quelqu'un d'idéal ?"

Ce qui intéresse l'humoriste, c'est aussi "de voir à quel point, emporté par son émotion, on peut dépasser les bornes". Partant d'une anecdote qui lui est arrivée, il raconte aussi dans son spectacle une conservation qu'il a eu avec une manifestante contre les violences faites aux femmes. "J'ai marché dans ce cortège juste parce que je marchais dans la rue à ce moment-là. Et ça m'a interpellé de me dire que j'étais compté dans les manifestants, alors qu'à la base je n'étais pas venu pour ça", précise-t-il. "Ça m'a posé question sur ce qu'est l'engagement et quand il commence."

Il résume d'une phrase son travail d'écriture sur les sujets de société les plus sensibles : "J'essaie de réfléchir à ce qui est contestable en moi quand j'essaie de montrer que, extérieurement, je suis quelqu'un d'idéal."