François Berléand : "Je ne peux pas ingurgiter le moindre aliment avant de jouer"

© Capture d'écran
  • Copié
Aurélie Dupuy
Le comédien sera sur les planches dès le 29 janvier au théâtre Edouard VII. Gastronome, grand amateur de vin et volontiers cuisinier en privé, il a fait part de ses goûts.

Gourmand. L'épithète convient à François Berléand. L'acteur de théâtre et de cinéma présente une gourmandise de rôles, d'abord. "J'ai l’impression que sinon, je meurs, donc je préfère avoir des projets." Il sera d'ailleurs au théâtre Edouard VII avec une pièce qui s'appelle Encore un instant, aux côtés de Michèle Laroque. L'acteur est aussi un gourmand à table. Son goût s'est aiguisé dès l'enfance grâce à sa mère, "un cordon bleu". Invité dans l'émission La table des bons vivants, il s'est dévoilé côté fourchette.

"Petit coup de théâtre". Dès le 29 janvier, il jouera au théâtre Edouard VII cette histoire d’amour entre une actrice adulée et son mari metteur en scène. "Et en même temps, c’est une femme qui est attirée par un jeune garçon de 22 ans qui est le meilleur ami de leur fils et un auteur de théâtre à succès qui lui propose sa dernière pièce. Il y a un petit coup de théâtre", dépeint l'acteur qui prévient qu'il ne dînera pas avant les représentations. "Je soupe après le spectacle. Je ne peux pas ingurgiter le moindre aliment avant de jouer. Ça ne passe pas ! Le trac. Je l’ai toujours", confie-t-il.

Monsieur gratins. Signe de son attachement aux bonnes tables et à la bonne cuisine, l'acteur est l'un des parrains de l'association française des des maîtres restaurateurs. Lui-même passe de temps en temps le tablier. "J’adore. Je fais des gratins de tout, j’adore les gratins. Et j’adore en faire sans fromage !"

Le questionnaire des bons vivants

Pour mieux le connaître côté fourchette, l'acteur est passé sur le gril des interrogations de Laurent Mariotte :

-Le goût de votre enfance ?

"La cannelle, bizarrement. Ma mère faisait une tarte à la cannelle. Elle avait un père belge et du côté de Verviers, on faisait cette tarte avec de la pâte feuilletée, avec au-dessus, de la crème. Et encore au-dessus, énormément de cannelle, du sucre roux, du sucre glace et elle mettait ça dans le four. C'était extraordinaire."

-Votre plus beau repas ?

"C'était chez les frères Troisgros. A l'époque, ils étaient deux, à Roanne. J'étais en tournée, je gagnais très très mal ma vie mais j'étais déjà fin gourmet, très porté sur les bonnes tables. Et il se trouve que j'ai fait beaucoup d'économies sur mes défraiements et je m'étais dit "non seulement, je vais me payer un repas chez Troisgros, un déjeuner, mais en plus, je vais passer la nuit chez eux". Le petit déjeuner était grandiose. Et le déjeuner, c'était exceptionnel. Et il y avait l'escalope de saumon à l'oseille qui était le plat parmi les classiques. Quand j'ai dû payer l'addition, en fin de compte, ils trouvaient que c'était formidable d'avoir un jeune homme, comédien, qui aime la cuisine et vient tout seul au restaurant. Ils m'ont invité avec plaisir. Et ça a été le moment le plus magique de toute ma vie. J'étais très ému de ce geste absolument exceptionnel."

-Votre mot préféré en cuisine ?

"A table !"

-Quels sont les invités de votre dîner idéal ?

"Vous, cher ami (Laurent Mariotte, ndlr.), Pierre Arditi, françois-Xavier Demaison, Olivier (Poels, chroniqueur spécialiste du vin, ndlr.) par exemple avec grand plaisir, des gens qui connaissent le vin, parce que j'ai une très belle cave. A chaque fois que je faisais des dîners à la maison, j'étais avec des gens qui aimaient profondément manger mais qui n'y connaissaient rien en vin et qui n'appréciaient pas. C'est très important quand on boit une gorgée de vin, de la garder dans la bouche. Il faut goûter. 95% des gens ne savent pas boire du vin." 

-Quel plat emmèneriez-vous sur une île déserte ?

"Des coquillettes. J'étais dans les pays communistes du temps du communisme. On était en Pologne en 1988. Il n'y avait rien à manger. C'était des pommes de terre tout le temps. A un moment donné, on a réussi à avoir du caviar à des prix défiant toute concurrence. On avait cinq kilos de caviar. Au bout de trois jours, plus personne ne pouvait en manger. On en avait marre, c'est un goût très fort. Si je vais dans une île déserte, je prends la chose qui a le moins de goût possible. Goût neutre : coquillettes ! Pour être sûr de ne pas me lasser."

-Le mot de la FAIM ?

"On a bien mangé, non ?"