Films d'animation : pourquoi les Français ont tant de succès

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Anaïs Huet , modifié à
Succès au box-office, recrutements à la pelle, écoles renommées… Le secteur de l'animation se porte très bien en France. Avec les Etats-Unis, le pays fait même figure de leader dans le domaine.
LA FRANCE BOUGE

Moi, moche et méchant, Tous en scène, Comme des bêtes… Tous ces films d'animation ont comme points communs d'avoir connu un succès important au box-office… et d'être français. Car s'ils ont été distribués par Universal, ces films ont été fabriqués et produits en France, par un studio baptisé Illumination Mac Guff (IMG), créé en 2011.

"Ces films ont rapporté la bagatelle de 5,7 milliards de dollars au box-office depuis leurs créations. IMG fait maintenant partie de la cour des très grands. En dix ans, on a rattrapé Disney, Pixar et Dreamworks", s'est réjoui son dirigeant, Jacques Bled, invité de La France bouge sur Europe 1 mercredi. IMG n'est pas le seul exemple de cette réussite à la française dans le domaine de l'animation. Mais à quoi est dû ce succès international ? 

Des écoles renommées

Si les studios français fonctionnent si bien, c'est d'abord parce que leurs salariés ont été très bien formés. Plusieurs écoles font figure de modèle dans le domaine. C'est évidemment le cas des Gobelins, à Paris, qui trône en tête du classement mondial des meilleures écoles d'animation. En régions, des grandes écoles se sont implantées ces dernières années. Citons par exemple celle d'Angoulême, de Roubaix, de Bordeaux, d'Arles… Le cursus dure en moyenne cinq ans.

Tous ces écoles sont privées, et donc payantes. "On sait que nos écoles françaises sont absolument remarquables et renommées dans le monde entier. Mais on s'est rendu compte qu'un biais s'installait du fait qu'elles étaient payantes, et que le talent pour l'animation n'était pas réservé à une couche particulière de la population", défend sur Europe 1 Corinne Kouper, cofondatrice du Studio Teamto, créateur des Lapins crétins. "On s'est dit qu'il fallait créer une école gratuite, ouverte à tous les gens qui pourraient en avoir le talent, et sans obligation de diplôme", précise-t-elle. C'est ainsi qu'est née Ecas, la "première école professionnelle solidaire formant au métier d'animateur 3D". Et comme l'animation ne se limite pas à un métier, la formation va prochainement s'ouvrir aux métiers de la lumière et du storyboard.

Des talents vite repérés

"Tous les grands studios français sont dans le jury de ces formations, ce qui nous permet d'identifier des talents très tôt. Plus que des techniciens, il faut que certains d'entre eux puissent devenir des auteurs, des créateurs, des réalisateurs, de façon à ce qu'on constitue un patrimoine", assure Marc du Pontavice, président fondateur du studio Xilam, qui a notamment créé le dessin animé culte Oggy et les cafards. "C'est très important d'être présents dans cet écosystème, sinon ce sont les studios américains qui font la queue pour les emmener aux États-Unis."

>> De 13h à 14h, La France bouge avec Raphaëlle Duchemin sur Europe 1. Retrouvez le replay de l'émission ici

Des productions originales

Les films d'animation français peuvent se vanter d'être le premier genre audiovisuel français à l'export : 29 films d'animations français se sont exportés en 2017, pour un total de 15 millions d'entrées. Il faut noter également que les séries d'animation pour la télévision ne se sont jamais aussi bien vendues qu'en 2016 : un plus haut historique de 75 millions d'euros, soit près de 50% de plus qu'en 2015. Ces succès sont évidemment dus au dynamisme des studios d'animation français, et à l'originalité de leurs productions.

"J'ai grandi dans le culte des cartoons à l'américaine, Tom et Jerry, Tex Avery, Chuck Jones… Les Américains ont arrêté de produire ce genre de choses dans les années 70. Pour Oggy et les cafards, j'ai demandé à mes équipes d'inventer le Tom et Jerry de l'an 2000", raconte Marc du Pontavice. "Mais il ne faut jamais essayer de faire aux États-Unis ce que les Américains font très bien. Il faut venir avec nos armes à nous, nos talents à nous", soutient-il. La série d'animation s'inspire d'une longue tradition comique, prenant ses racines dans la Comedia del Arte. "On a formé nos talents français à cette grammaire de comédie particulière. Ils ont inventé quelque chose d'extraordinairement nouveau et différent, très insolent. Ça a fait le tour du monde", se félicite le président de Xilam.

"Oggy et les cafards vient de fêter ses 20 ans. Ce qui est bluffant, c'est qu'il n'a jamais autant marché que maintenant", poursuit Marc du Pontavice. La série d'animation est diffusée dans 190 pays, et totalise chaque année sur Youtube 1,5 milliard de vidéos vues. "En Inde, c'est un même devenu phénomène de société. Tous les enfants connaissent Oggy et les cafards", indique-t-il.

Autre motif de satisfaction pour Xilam, Les Zinzins de l'espace a été la première série d'animation diffusée aux États-Unis. Avec de tels résultats et un tel savoir-faire, le secteur recrute abondamment. Ce qui promet encore de belles productions à l'avenir.