Faut-il aller voir le film "La Belle et la Bête" ?

© Allociné / Walt Disney Pictures
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Aurélie Dupuy , modifié à
Le réalisateur américain Bill Condon (Twilight Chapitres 4 et 5, Dreamgirls, Chicago) propose une comédie musicale très fidèle au dessin animé. Presque trop.

Emma Watson en Belle, Dan Stevens caché sous le costume de la Bête grâce à des échasses et aux images de synthèse, les deux tourbillonnant dans la salle de bal d'un château somptueux. Le film La Belle et la Bête version prises de vue réelles sort mercredi 22 mars après des mois d'attente et de teasing de la part des studios Disney. En novembre, vingt-quatre heures après la mise en ligne de la bande-annonce, la vidéo avait cumulé 127,6 millions de vues, comme le rapporte le site américain Variety. Elle laissait aussi transparaître l'un des paramètres majeurs du film : la volonté de ne pas s'éloigner du dessin animé pour ne pas décevoir... au risque de laisser pointer un léger regret.

Le même scénario que le dessin animé de 1991

Disney n'en est pas à son coup d'essai en matière de remake de ses classiques, mais il s'attaque cette fois à une oeuvre qui a déjà fait l'objet de plusieurs films au cinéma, dont l'inoubliable long-métrage en noir et blanc de Jean Cocteau, sorti en 1946. Dans cette version 2017 de la compagnie Disney, tout comme dans le film d'animation produit en 1991, Belle vit avec son père dans un village, où elle ne ressemble à aucune fille de son âge. Indépendante, elle refuse toutes les avances du beau et arrogant Gaston devant lequel toutes les autres filles se pâment. Un jour que son père doit effectuer une livraison, il se perd à cheval et arrive dans le château de la Bête. Il commet alors l'erreur de prendre une rose dans le jardin. Dès lors, il est détenu par la Bête. Belle, partie à sa recherche, retrouve ses traces et prend sa place.

Gaston et Le Fou font de l'ombre à la Belle et la Bête

Disney a pris l'option évidente de rester dans la veine de sa propre œuvre. Les chansons d'époque font toutes partie de cette nouvelle version. Le compositeur Alan Menken a été rappelé. Tout, dans les couleurs des costumes, la transposition des objets animés, déclare fidélité à l'original. Emma Watson, ressemble même à la princesse Disney. C'est aussi elle qui chante les chansons de Belle, avec des expressions un brin caricaturales. Luke Evans (Dracula Intold) interprète Gaston, en fait des tonnes et là, ça fonctionne : c'est l'essence-même de son personnage, qui présente, avec son acolyte Le Fou (Josh Gad), un duo qui file de comique à tragique avec brio. Au point de voler une partie des lauriers aux principaux intéressés, la Belle et la Bête.

Une plongée trop succincte dans le passé des personnages

Le réalisateur Bill Condon a néanmoins eu l'idée brillante de lever le voile sur le passé des deux personnages, trouvant dans leur enfance les fondations de leur caractère d'aujourd'hui. C'est le point fort de ce film, mais c'est aussi une avancée dont on regrette la trop maigre épaisseur. Ces pistes du passé ne sont soulevées qu'en quelques minutes trop fugaces pour ne pas être frustrantes. Reste qu'en 2h14 de film, il fallait raconter ce qui se passe dans le huis-clos de ce château oublié et magique. Et magique, il l'est vraiment. C'est un autre atout du film, les décors réussissent à enchanter le spectateur. On admire la rose, la bibliothèque, la robe de bal. Ceux qui ont un souvenir ému du dessin animé seront pris dans le tourbillon de cette version plus réelle. C'est beau, féerique mais copié-collé. Si les fans incontestés ne seront pas déçus, il manque ce souffle qui aurait permis d'être emporté dans une nouvelle dimension, plus loin dans la psychologie de cet homme transformé en bête et de cette femme qui en perçoit l'humanité.