Lemine Ould Salem, co-réalisateur du documentaire "Salafistes".
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G.P. , modifié à
La commission chargée de classifier les films reproche au documentaire "Salafistes" de faire l'apologie du terrorisme. Les réalisateurs du film étaient dans "Europe Midi" mardi.
INTERVIEW

Le documentaire Salafistes a provoqué la polémique lors de sa projection au Festival international des programmes audiovisuels (Fipa) de Biarritz la semaine dernière. La commission chargée de classifier les films reproche au documentaire de faire l'apologie du terrorisme et un manque de distance. Dans Europe Midi mardi, les réalisateurs du film ont donné leur point de vue. 

"C'était la même méthode et cela ne posait pas de problème". "Contrairement à ce que l'on dit, le film prend un véritable point de vue. (...) Dans ma vie, j'ai fait des films sur les taliban et les enfants soldats. C'était la même méthode et cela ne posait pas de problème", a expliqué François Margolin au micro d'Europe 1. Sans voix off, sans commentaire, le documentaire mêle des images très violentes, comme l'amputation d'un voleur au Mali par exemple, à des interviews de "penseurs" salafistes. C'est notamment cette absence de commentaire sur les images qui est interprétée comme un manque de distance.

"Nous avons tenu à produire un contre-discours". "Le contexte joue plus ou moins en notre défaveur", estime le co-réalisateur du film Lemine Ould Salem. Selon lui, le film discute les propos des "penseurs" salafistes, sans que la présence d'un commentaire, par dessus les images, ne soit nécessaire. "Nous avons tenu à produire un contre-discours. Nous l'avons trouvé sur place, à Tombouctou notamment", avec des témoignages présents dans le film.

Le déni français ? François Margolin est également revenu plus précisément sur les critiques qui pèsent sur le film, notamment celle du journal Le Monde, qui parle d'un documentaire qui "témoigne d'un déficit de réflexion sur le pouvoir des images". "Je crois avoir vaguement réfléchi aux images", a déclaré laconiquement François Margolin. "On dit cela parce que le film rend mal à l'aise. Entendre ce discours aujourd’hui est quelque chose de nouveau, que l'on cache d'habitude", a indiqué le co-réalisateur du film.

"En France, on est dans le déni de la réalité. On ne peut pas comprendre pour quelles raisons il y a eu ces attentats en janvier et en novembre. En voyant notre film, on le comprend", a conclu le réalisateur qui espère que la ministre de la Culture n’interdira pas le film au moins de 18 ans. Les deux réalisateurs estiment que cela signifierait "la mise à mort du film".

Par ailleurs, le journal Le Monde a publié une tribune de Claude Lanzmann qui appelle le gouvernement à autoriser la diffusion du film.