Dix ans après la disparition de Michael Jackson, que reste-t-il de sa musique ?

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Romain David , modifié à
Invité de la matinale d'Europe 1, Fred Goaty, directeur de la rédaction de Jazz Magazine, revient sur la manière dont Michael Jackson a révolutionné la pop, et ouvert la voie à de nombreux chanteurs actuels.
INTERVIEW

"Un pas de danse fort célèbre, un blouson rouge, des chaussettes blanches… et un gant qu’il n’a même pas enlevé pour serrer la main de Ronald Reagan", résume Fred Goaty, directeur de la rédaction de Jazz Magazine, lorsqu’il parle de Michael Jackson. Dix ans après sa mort, le chanteur fascine toujours autant. Mais bien plus que l’image qu’il a laissée, sa musique continue toujours d’influencer la production actuelle, notamment parce qu’elle a été l’une des premières à chercher à abolir les frontières entre les genres.

"Ses chansons sont des standards, tout le monde les connait, même ceux qui détestent Michael Jackson", relève Fred Goaty au micro d’Europe 1. "Ce sont des chansons qui ont influencé beaucoup de gens et que des musiciens de jazz peuvent reprendre. Elles sont rentrées dans la mémoire collective et très peu d’artistes sont capables d’écrire des chansons qui vont rester pour l’éternité", explique-t-il.

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Beat It, un morceau emblématique du style de Michael Jackson

Ce spécialiste retient en particulier Beat It, tiré de l’album Thriller (1982), comme l’un des morceaux les plus révolutionnaires du roi de la pop. "C’est peut-être le titre qui cristallise son envie de toucher tous les publics, aux États-Unis et dans le reste du monde. Tous les publics, ça veut dire les enfants blancs et les enfants noirs."

"Il avait invité - c’est une idée de génie de son producteur Quincy Jones - un guitariste de hardrock qui s’appelle Eddy Van Halen", poursuit Fred Goaty. "C’était assez révolutionnaire dans un morceau de soul music, de pop d’inviter un guitariste de hardrock à faire un solo phénoménal."

L’influence déterminante du jazz

Pour ce spécialiste, la carrière de Michael Jackson doit énormément au mythique producteur Quincy Jones, dont l’appétence pour le jazz va amener le style du chanteur à maturation. "S’il n’y avait pas eu Quincy Jones dans la vie de Michael Jackson, on ne serait peut-être pas en train d’en parler. Il faut se souvenir qu’en 1979, c’est Michael Jackson qui a imposé à sa maison de disques de travailler avec un musicien de jazz, Quincy Jones en l’occurrence", explique Fred Goaty.

"C’est le jazz qui a cimenté la musique de Michael Jackson. Quand vous prenez Off the Wall (1979) ou Thriller, on s’aperçoit qu’il y a beaucoup de musiciens de jazz". Une proximité qui se retrouve encore dans les albums de la pleine maturité. "Dans Bad, il y a un solo d’orgue de Jimmy Smith, l’un des plus grands organistes de l’histoire du jazz." Dans les années 1980, c’est Miles Davis qui choisit de reprendre l'un des standards du chanteur : Human Nature.

Quel(le) héritier(e) spirituel ?

"Tout le monde est plus ou moins influencé par Michael Jackson, son attitude, les brèches qu’il a ouvert dans la musique et sa volonté de faire tomber les barrières, de mélanger tous les styles, d’utiliser tous les médias qui, à l’époque, étaient disponibles", constate le directeur de la rédaction de Jazz Magazine.

Mais un seul nom lui vient à l’esprit quand il s’agit de nommer un(e) héritier(e) du chanteur : Beyoncé. "C’est une artiste populaire qui n’hésite pas à prendre des risques artistiques. Son dernière album, Lemonade, est vraiment un disque étonnant. Son dernier spectacle mélange tous les styles. On y retrouve quelque chose de l’esprit de Michael Jackson, sans qu’elle le copie… ce que je déconseille à tout le monde", conclut Fred Goaty.