Vladimir Cosma 2:42
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Lucie de Perthuis , modifié à
Le compositeur césarisé Vladimir Cosma a écrit, en 1973, la bande-originale du film culte "Rabbi Jacob". Au micro d'Europe 1, il raconte comment le film a bien failli ne jamais sortir en salle, pour des raisons politiques. 
INTERVIEW

La Boum, Le Grand Blond avec une chaussure noire, Diva, La Chèvre... Autant de films à succès rythmés par les compositions de Vladimir Cosma. Le compositeur roumain est devenu un grand nom de la musique dans le cinéma français. En 1973, il écrit la bande-originale d'un film qui a bien failli ne jamais être présenté au public, Rabbi Jacob. Derrière cette comédie devenue culte réalisée par Gérard Oury et portée par Louis de Funès, se cache une incroyable histoire digne d’un thriller politique. Il l'a raconté samedi sur Europe 1, au micro d'Isabelle Morizet.

Deux semaines avant la sortie du film, la guerre du Kippour, qui oppose Israël aux États arabes voisins, éclate. En France, la production du film craint des attentats dans les cinémas qui le projettent. "J’ai assisté à une projection du film avant sa sortie, avec Gérard Oury et son ami le metteur en scène Henri Verneuil. À la fin de la projection, Verneuil a dit à Oury : 'Tu es fou, on ne peut pas sortir un film comme ça, il va y avoir des émeutes, ils vont casser tous les cinémas'", se souvient le compositeur. "Il considérait que c’était impossible de sortir le film."

"On a voulu cacher cette histoire au public"

Et ces craintes se sont concrétisées le jour de la sortie de Rabbi Jacob dans les salles obscures. Le 18 octobre 1973, un avion est détourné par une militante pro-Palestine, qui n’est autre que la femme de l’attachée de presse du film, George Cravenne. Elle menace de faire exploser le Boeing, détourné en direction du Caire, si la sortie du film, qu’elle considère "pro-sioniste", n’est pas annulée. L’avion n’ayant pas assez de carburant pour atteindre l’Égypte, il atterrit finalement à Marseille, où Danielle Cravenne, armée, est abattue par la police. 

Malgré l’immense succès du film, ces faits ne font alors que très peu de bruit. "À l’époque, on a voulu cacher cette histoire au public. Aujourd'hui, ça aurait été un scoop terrible", affirme le compositeur. "C’est incroyable que cette histoire folle ait été tenue secrète. Le film est sorti et contrairement à tout ce qu’on a pu dire, je n’ai jamais vu un démarrage aussi foudroyant", explique Vladimir Cosma. En 1973, Rabbi Jacob se classe en tête du box-office français. Il est devenu depuis un classique du cinéma français.