De l'ennui ou d'un butin : d'où vient l'expression "en avoir marre" ?

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Stéphane Bern , modifié à
Dans la nouvelle émission d'Europe 1, "Historiquement vôtre", Stéphane Bern se penche sur les racines d'une expression du quotidien. Mercredi, il s'intéresse à l'origine d'"en avoir marre"

Stéphane Bern propose chaque jour, dans Historiquement vôtre avec Matthieu Noël, de partir à la découverte de ces expressions que l'on utilise au quotidien sans forcément connaître leur origine. Jeudi, l'animateur nous raconte l'origine d'"en avoir marre". 

"Marre" est un mot très simple avec des racines étonnantes. Il pourrait s'agir à l’origine d'un verbe, "se marer", qui signifiait non pas se bidonner mais bien l’inverse. "Se marer", qui s'écrit avec un seul "r", voulait dire "s’ennuyer". Pour désigner l'ennui, on pouvait aussi "se marrir" - cette fois avec deux "r".  Il n’y a pas si longtemps on disait d'ailleurs "être fort marrie" pour évoquer une forte contrariété.

Au 18eme siècle, "avoir son mar" c'est avoir sa part du butin

Mais pour le linguiste Alain Rey, co-fondateur du dictionnaire Le Robert, l'origine de cette expression est ailleurs. Selon lui, le mot "marre" serait issu d'un terme d'argot du 18eme siècle, "mar" ou "maré",  qui désigne une part d’un butin : Les voleurs, une fois leurs méfaits commis, se partagent l’argent volé : "avoir son mar" c’est "avoir sa part".

Ce qui était hier "avoir ce dont on a le droit" devient ensuite, avec les années, "avoir son compte", comprendre, "être arrivé à saturation". En avoir marre, donc. A l'étranger, les expressions pour dire que l'on en a assez sont issues de lexiques très différents. En Allemagne on dit par exemple "avoir le museau plein" et en Espagne "en avoir jusqu’aux œufs".