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Aurélie Dupuy
Pendant un an et demi, le réalisateur David Dessites a suivi le célèbre compositeur pour réaliser un documentaire sur lui. Quelques heures après la disparition du musicien, il témoigne.
INTERVIEW

Trois oscars, huit Grammy et tant de musiques de films inoubliables. Michel Legrand était l'un des plus grands compositeurs au monde. Il est mort dans la nuit de vendredi à samedi, à l'âge de 86 ans. Depuis un an et demi, David Dessites, producteur, réalisateur et scénariste, le suivait avec une caméra pour réaliser un documentaire sur ce musicien de génie. Ce samedi, quelques heures après sa disparition, il a accepté de témoigner au micro de Philippe Vandel, avec émotion, au sujet de celui qui était devenu un ami.

Une vie et une carrière hors normes. Les deux hommes se rencontrent en 2017. David Dessites sollicite l'échange, propose un documentaire. Un film qui parlera de sa vie et de sa carrière. "C'est impossible de ne pas traiter de la vie de Michel qui a été extraordinaire, multiple, tout autant que sa carrière d'ailleurs. Michel était un homme qui avait ce désir de faire plusieurs choses dans une seule vie. Il était toujours en quête de quelque chose de nouveau, aussi bien artistiquement que personnellement."

Mille vies. Arrangeur pour son père à 19 ans, puis pour des grands noms du jazz, compositeur de musiques de pub ou de génériques de dessins animés, Michel Legrand a eu de multiples vies. "Michel n'était absolument pas dans le passé. C'était quelqu'un qui allait de l'avant tout le temps. Il ne réécoutait jamais ses tubes. Il a touché à tous les styles, tous les genres". En 1968, il compose la bande originale du film L'affaire Thomas Crown. "Quand j'ai rencontré Michel en mai 2017 au festival de Cannes, la première chose que je lui ai dit c'est 'Si j'existe, c'est un peu grâce à vous, mes parents se sont rencontrés sur Les moulins de mon cœur en allant voir L'affaire Thomas Crown'. Ça l'avait beaucoup amusé."

"Il n'a pas forcément écrit pour le public, mais pour lui-même". Le compositeur, auréolé de succès, avait néanmoins connu des déconvenues, à l'instar de cette anecdote que le musicien avait raconté lui-même en 2010. Il expliquait alors qu'il avait reçu quelques années auparavant une fin de non-recevoir très sèche de la part de l'Opéra de Paris quand il leur avait proposé une collaboration. "Michel, ça ne le dérangeait pas du tout. Il n'a pas forcément écrit pour le public, mais pour lui-même. Michel, il s'amusait. Tout l'amusait."

 Il était une fois. Le feu qui l'animait a d'ailleurs été présent jusqu'au dernier instant. "Il me disait il y a encore quinze jours 'pour le film, peut-être qu'on devrait faire une version chantée, un peu comme Les Parapluies (de Cherbourg)'", raconte encore le réalisateur qui prévoit la sortie de son film en mai 2020 sous le titre Il était une fois, Michel Legrand.