"Cry Macho" : Clint Eastwood de retour en cow-boy blessé
Avec "Cry Macho", en salles mercredi en partenariat avec Europe 1, Clint Eastwood signe un drame réjouissant et poignant dans lequel il tient également le rôle principal.
Dans "Cry Macho", en salles mercredi en partenariat avec Europe 1, Clint Eastwood interprète Mike Milo, ancienne star de rodéo et éleveur de chevaux usé jusqu’à la corde, qui, en 1979, accepte une mission d’un de ses anciens patrons : aller chercher le jeune fils de ce dernier au Mexique pour le ramener aux États-Unis. Contraints d’emprunter des routes secondaires jusqu’au Texas, les deux hommes s’embarquent dans un périple dont ils n’ont pas mesuré les difficultés.
>>> Un projet de longue date
Pour Clint Eastwood, qui signe avec "Cry Macho" son 39ème film en tant que réalisateur, le projet d’adaptation du livre de N. Richad Nash pour le cinéma ressemble au périple que doit emprunter Mike Milo, son personnage, dans le film : une trajectoire quelque peu accidentée.
En 1979, Clint Eastwood alternait souvent entre des westerns et des polars – deux genres qu’il a largement enrichis – tout en passant de plus en plus fréquemment derrière la caméra. "On m’a proposé ce projet il y a une quarantaine d’années", se souvient le réalisateur. "Le producteur Al Ruddy m’avait demandé si j’étais intéressé, et je lui avais répondu ‘je suis trop jeune pour le rôle, je ferais mieux de le mettre en scène et de proposer le rôle à Robert Mitchum’. Mais le projet est tombé à l’eau et a ressurgi il y a deux ans. On l’a repris et je me suis dit que c’était le bon moment pour s’y atteler et qu’on y prendrait du plaisir".
En dépit du temps qu’il lui aura fallu pour mener son projet à bien, Al Ruddy, dont la patience est enfin récompensée, est enchanté : "Clint incarnera toujours, d’une certaine manière, le héros américain dans toute sa splendeur – le cow-boy. Quel que soit le genre auquel il s’attelle – film d’action ou histoire d’amour –, il est toujours intègre. Quand on voit un film de Clint Eastwood, certaines scènes – effrayantes, drôles ou bouleversantes – sont d’une telle sincérité qu’elles vous marquent à tout jamais".
>>> Le personnage légendaire du cow-boy
Pour interpréter Mike Milo, Eastwood a non seulement dû revenir devant la caméra mais, littéralement, se remettre en selle. L’image de l’acteur à cheval fait partie de la légende du septième art , même s’il avait rangé ses éperons il y a près de trente ans avec "Impitoyable". "Quand on remet le pied à l’étrier, on a le sentiment de n’avoir jamais raccroché", constate Clint Eastwood, sans la moindre prétention.
Le comédien évoque son personnage aussi modestement qu’il l’interprète : "C’est un cow-boy qui a pas mal pratiqué le rodéo et qui a travaillé dans un ranch pendant de nombreuses années, mais il a mis un terme à ces activités. Son ancien patron est un riche propriétaire de ranchs, et souhaite l’envoyer au Mexique pour retrouver son fils. Mike est conscient que beaucoup d’autres gars que lui pourraient s’en acquitter, et, au départ, il refuse. Mais la chance ne lui a pas beaucoup souri ces dernières années, et il comprend qu’il n’a pas le choix. Du coup, il part au Mexique et le film raconte son périple pour ramener le garçon aux États-Unis et, chemin faisant, on voit ce type totalement au fond du trou remonter lentement la pente".
La productrice du film Jessica Meier ajoute : "Ce qui plaisait beaucoup à Clint, c’est que ni Mike, ni le garçon qu’il est censé ramener au pays ne sont au sommet de leur forme – pour des raisons radicalement différentes. Mais ils ont tous les deux des choses à apprendre et, comme on le constate, ils ont tous les deux des choses à transmettre".
>>> Des fidèles collaborateurs pour un tournage au Nouveau-Mexique
Le réalisateur s’est entouré de fidèles collaborateurs comme le chef décorateur Ron Reiss, la chef costumière Deborah Hopper (qui travaille depuis 37 ans avec Eastwood !), le monteur Joel Cox et le cadreur Stephen Campanelli, ainsi que du chef-opérateur réputé Ben Davis qui travaille pour la première fois avec le cinéaste. "Toute l’équipe est formidable", remarque Eastwood, "mais j’ai toujours eu la chance de tourner avec d’excellents techniciens, toujours prêts à s’investir dans leur travail".
Le tournage du film s’est déroulé au Nouveau-Mexique fin 2020. Pour le chef-opérateur Ben Davis, la nature environnante et le genre du film ont été déterminants dans sa conception de la lumière. "C’est un road-movie dont les décors naturels occupent une fonction majeure, si bien qu’on a mis l’accent sur ces sites ", précise-t-il. "Ils ont guidé le style visuel et la marge de manœuvre dont on disposait était tributaire des endroits où on tournait. On a mis au point un style visuel nourri par cette approche et qui parle de lui-même en quelque sorte".
Davis a laissé les paysages imprégner son champ de vision et guider ses choix : "Dès qu’on est arrivé sur le premier plateau – en extérieur dans le désert –, j’ai commencé à jouer sur la palette chromatique, et j’ai vu que Clint portait cette magnifique veste de daim marron et un chapeau. Il était au volant, traversant les paysages du Nouveau-Mexique, et j’ai augmenté la température de couleur de la caméra, en réfléchissant à l’ombre portée. Et puis, je me suis rendu compte que c’était justement le style du film. J’obtenais cette très belle ombre de son chapeau qui camouflait son regard. Pour comprendre son personnage, il faut considérer toute sa part de mystère, tout ce qui lui est arrivé autrefois et qu’il dissimule au plus profond de lui – et que le garçon lui permet de verbaliser. Du coup, tout au long du film, en commençant par l’ombre du chapeau, j’ai cherché à laisser la lumière caresser ses yeux".
"Cry Macho" est en salles ce mercredi, en partenariat avec Europe 1 .