"Compagnons" : une ode à la jeunesse et à la découverte de soi

Agnès Jaoui et Pio Marmaï sont à l'affiche de "Compagnons" actuellement en salles, en partenariat avec Europe 1
Agnès Jaoui et Pio Marmaï sont à l'affiche de "Compagnons" actuellement en salles, en partenariat avec Europe 1 © Stéphanie Branchu - Wild Bunch Distribution
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Avec "Compagnons", en salles mercredi en partenariat avec Europe 1, le réalisateur François Favrat signe un film émouvant sur la jeunesse, l’apprentissage et la découverte de soi.

À 19 ans, passionnée de street art, Naëlle est contrainte de suivre avec d’autres jeunes un chantier de réinsertion, sa dernière chance pour éviter d’être séparée de ses proches. Touchée par la jeune fille, Hélène (Agnès Jaoui), la responsable du chantier, lui présente un jour la maison des Compagnons de Nantes, un monde de traditions qui prône l’excellence artisanale et la transmission entre générations. Aux côtés de Paul (Pio Marmaï), Compagnon vitrailliste qui accepte de la prendre en formation dans son atelier, Naëlle découvre un univers aux codes bien différents du sien qui, malgré les difficultés, pourrait donner un nouveau sens à sa vie.

 

>>> Au cœur des "Maisons" des Compagnons

Avec "Compagnons", François Favrat signe son quatrième long-métrage. "Au départ, j’ignorais tout de l’univers des Compagnons" nous apprend le réalisateur. "Johanne Bernard, ma co-scénariste, et moi avons rencontré les Compagnons du devoir, d’abord à Paris, puis à la Rochelle, à Angers et enfin à Nantes. Dans chaque ville, il existe une maison de Compagnons qui forme les jeunes aux métiers de l’artisanat. Nous avons découvert leurs règles et leurs traditions basées sur l’apprentissage du geste et la transmission du savoir" explique François Favrat.

"Dans les ‘Maisons’ des Compagnons, cohabitent des jeunes de 16 à 25 ans et des Compagnons qui les encadrent. Les jeunes viennent de tous horizons, transformant ces lieux en véritables ‘auberges espagnoles’. Lors de sa formation, l’apprenti est accompagné d’un Compagnon référant, son parrain, qui le suivra jusqu’au jour où il deviendra Compagnon à son tour. Les autres encadrants, son employeur, le directeur de la maison (le Prévôt) ou la maîtresse de maison (la Mère) l’accompagnent le temps de son séjour dans la ville. Puis, l’apprenti ira se former ailleurs, parfois même dans d’autres pays. Au-delà des valeurs des Compagnons, il m’a paru crucial de faire un film qui valorise le travail manuel ; tous ces métiers de la main que l’on a tendance à dénigrer de nos jours, nécessitent en réalité un savoir-faire et une expérience considérables" précise-t-il.

 

>>> Un émouvant portrait de la jeunesse en difficulté

Le film s’attache à montrer les jeunes de cité d’une façon inhabituelle, loin des clichés renvoyés par la télévision ou le cinéma. Le réalisateur a trouvé en la cité de Bellevue à Nantes le décor idéal pour son film. "J’ai été frappé de réaliser à quel point ces images toutes faites des cités dont on nous bombarde quotidiennement étaient biaisées" explique François Favrat. "Les habitants y sont beaucoup plus attachants, plein de vie, lucides. Bien sûr, c’est un quotidien souvent dur. Beaucoup de jeunes ne travaillent pas et certains sont liés au trafic et à ce genre d’affaires. Mais la plupart de ceux que nous y avons rencontrés ressemble au personnage principal de Naëlle : ce ne sont pas des bandits - juste des jeunes qui se démènent pour s’en sortir malgré les difficultés du quotidien. Ils se sentent souvent rejetés ou, en tout cas, ont intériorisé le fait d’être exclus."

Le film fait donc le portrait d’une jeunesse en proie au manque de confiance en soi. "Naëlle pense sincèrement qu’elle ne vaut rien, qu’on ne peut pas lui faire confiance", précise le réalisateur. "C’est un cliché d’elle-même qu’elle a intériorisé. Le personnage d’Hélène joué par Agnès Jaoui perçoit le potentiel de Naëlle et va se battre pour la tirer d’affaire. Le combat de Naëlle sera de briser cette image négative d’elle-même. C’est le thème central du film".

 

>>> Des acteurs professionnels et non-professionnels

Organiser le casting d’un film comme "Compagnons" n’est pas une mince affaire. "Je tenais à mêler des acteurs pros et non pros, autant pour les jeunes de la cité et que pour les Compagnons" explique François Favrat. "Mon idée était d’incarner vraiment la réalité sociale d’un quartier. La plupart des jeunes dans le film viennent de Bellevue ou d’autres quartiers. Pour le rôle de Naëlle, nous cherchions une nature proche du personnage, qui connaisse la violence et la vie de quartier. Nous avons écumé les clubs de boxe thaï, en vain, auditionné des comédiennes professionnelles.  Le tournage approchait et toujours pas de personnage principal... On frôlait la panique, quand mon directeur de casting Antoine Carrard a pensé à Najaa. Il l’avait vue pour un autre film, bien des années avant. Elle est venue faire des essais et ça a été comme une évidence. Elle portait cette tension en elle, et surtout ce visage incroyable".

Le réalisateur retrouve Agnès Jaoui qu’il avait déjà dirigé dans "Le rôle de sa vie" aux côtés de Karin Viard. "Je n’avais jamais travaillé deux fois avec un même comédien" précise-t-il. "Rencontrer un acteur que je ne connais pas m’aide à incarner plus justement les personnages inventés à l’écriture. Mais cette fois, pour le rôle de la Mère, Agnès s’est imposée dès le début. Pio Marmaï est arrivé presque aussi naturellement. Je cherchais un gars charpenté, qui connaisse suffisamment le travail manuel pour incarner un Compagnon. Un rugueux au cœur tendre qui ait le sens de la réplique et qui ait de l’humour. Qui d’autre que Pio Marmaï ?!"

"Compagnons" est en salles ce mercredi, en partenariat avec Europe 1.