Jacques Chirac musée du quai Branly 1280 3:30
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Jean-Pierre Elkkabach , modifié à
Au micro d'Europe 1, le journaliste Jean-Pierre Elkabbach a levé le voile sur la genèse du musée des arts premiers voulu par Jacques Chirac. Une idée née d'une rencontre inattendue... à l'autre bout du monde.

Le musée du quai Branly à Paris, principal héritage culturel laissé par Jacques Chirac, est né d’une rencontre inattendue, sur une plage de l’océan Indien. Au micro d’Europe 1, Jean-Pierre Elkabbach, témoin inopinée de cette scène, raconte comment l’amitié entre Jacques Chirac et le collectionneur Jacques Kerchache a accouché de l’un des plus grands musées du monde dédiés aux cultures et aux arts non occidentaux.

La scène se passe en 1990. Le couple Chirac passe ses vacances sur l’île Maurice. Le journaliste Jean-Pierre Elkabbach et son épouse y sont également en villégiature. À l’époque, Jacques Chirac est dans le creux de la vague, sa carrière semble à l’arrêt depuis sa défaite à la présidentielle de 1988. Certains le disent même politiquement mort. Lorsqu’un admirateur cherche à être présenté…

Un inconnu… en maillot de bain

"Nous étions sur une plage de l’île Maurice, dans l’océan Indien. J’étais avec Nicole Avril, mon épouse. Jacques Chirac n’était pas loin. Il lisait des livres sur la Préhistoire, il faisait des fiches, qu’il surlignait, sur la plage.

Et puis quelqu'un est arrivé vers nous. Nous étions tous en maillot. 'Vous pouvez me présenter Jacques Chirac ? Vous êtes journaliste, vous devez le connaitre.' J’hésite. Je vais voir Jacques Chirac, qui me dit : 'Foutez-moi la paix. Je suis en vacances, je ne veux voir personne !' À ce moment-là, Bernadette lui dit : 'Mais Jacques, c’est peut-être l’un des nôtres. Voyez-le.'

Je vais chercher l’inconnu. Et cette personne lui dit : 'Merci pour ce que vous faites pour la France, pour la ville de Paris. Mais je veux aussi vous remercier parce que j’ai vu dans Paris Match, sur deux pages, la photo de votre bureau, avec mon livre dessus !' Chirac lui répond : 'Non, il n’y a rien sur mon bureau.' 'Si, vous avez mon livre.' Chirac le prend par les épaules, le secoue : 'Il n’y a pas de livre ! Il n'y en a qu'un. C’est de Jacques Kerchache, L’Art africain.' Et l’autre lui répond : 'C’est moi Kerchache.' Alors là, ils sont tombés dans les bras l’un de l’autre, se sont embrassés.

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Europe 1 revient dans un podcast évènement intitulé "Chirac, une histoire française" sur la vie et la carrière de Jacques Chirac, 22e président de la République à travers des analyses, des récits et des témoignages puisés dans nos archives et produits par la rédaction d'Europe 1.

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Le quai Branly, un rêve dessiné sur le sable

À partir de là, tous les soirs, pendant une semaine, nous avons dîné ensemble. Ils parlaient de tribus africaines, des empires qui avaient vendu leurs peuples en esclavage. Et Jacques Kerchache lui a dessiné sur le sable, jour après jour, ce que devait être le musée des arts premiers.

Au début, ils sont disputés parce que Chirac disait vouloir un musée des arts primitifs. 'Non Jacques, un musée des art premiers !' Et peu à peu, on est allé vers ce qui est devenu le musée du quai Branly. En effaçant le dessin qu’il avait fait sur le sable, Kerchache lui avait dit : 'Pour ça, il faut que vous soyez président de la République !'"