Caroline Fourest a regretté le "poison victimaire" à l'oeuvre, selon elle, durant la cérémonie des César. 2:25
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Antoine Terrel
Invitée vendredi d'Europe 1, la journaliste Caroline Fourest a regretté le ton de la 45e cérémonie des César. "Les hommes et les femmes n'ont pas vu la même soirée, les juifs et les noirs n'ont pas vu la même soirée", estime-t-elle.
INTERVIEW

Invitée d'Europe 1 en compagnie de la secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa, la journaliste Caroline Fourest est notamment revenue sur la polémique qui a suivi la cérémonie des César et le prix de la meilleure réalisation attribué à Roman Polanski. Si elle comprend la colère des féministes face à la statuette accordée au cinéaste accusé de viols, elle confie toutefois avoir été dérangée par l'ambiance de cette cérémonie où, selon elle, "le poison victimaire était à l'oeuvre partout". 

"On sent que cette soirée a un peu libéré tous les démons qu'on redoutait", explique Caroline Fourest. "Il y a d'un côté ceux qui ne veulent plus entendre parler de la moindre nuance entre un créateur et son oeuvre, et ceux qui nous expliquent que ne plus considérer comme anodin le fait d'être multi-accusé ou d'avoir reconnu des relations avec des jeunes filles mineures après #MeToo, c'est un totalitarisme. C'est un autre excès". 

"On ne juge plus ces affaire en fonction de la gravité des faits, mais en fonction de l'identité de celui qui les a commis"

Au delà du cas Polanski, la journaliste a regretté la prise de parole de l'actrice Aissa Maïga, qui a profité de la remise d'un prix pour livrer un discours engagé pour plus de diversité dans le cinéma français. "Le poison victimaire était partout. Je l'ai vu quand une comédienne vient compter les noirs dans la salle, mais ne les voit pas sur scène en train de triompher, ne voit pas que le film Les Misérables triomphe, mais ne voit pas non plus que certaines féministes sont capables de focaliser sur Polanski, mais n'ont jamais voulu aborder les casseroles masculinistes de Ladj Ly, par peur de flatter le racisme", ajoute-t-elle. En 2011, le réalisateur avait été condamné à une peine d'emprisonnement pour enlèvement et séquestration.

Par ailleurs, déplore encore Caroline Fourest, ce "poison victimaire" est également présent "chez des gens qui sont inquiets de l'antisémitisme et qui pensent que J'accuse est nécessaire, mais qui nous demandent de choisir entre la lutte contre l'antisémitisme et le féminisme". Or, ajoute la journaliste, "ce n'est pas possible non, plus parce que c'est le même raisonnement identitaire et victimaire qui fait qu'on ne juge plus ces affaires en fonction de la gravité des faits reprochés, mais en fonction de l'identité de celui qui les a commis".