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Antoine Terrel , modifié à
Invitée vendredi d'Europe 1 en compagnie de la journaliste Caroline Fourest, la secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa est revenue sur la soirée des César et la polémique engendrée par le prix de la meilleure réalisation remis à Roman Polanski. 
INTERVIEW

Une semaine après la cérémonie, le palmarès de la 45e cérémonie des César continue d'agiter le cinéma français, après le César du meilleur réalisateur remis à Roman Polanski et le départ de la salle de l'actrice Adèle Haenel. Alors que la vive réaction de la comédienne, ou encore le refus de la maîtresse de cérémonie Florence Foresti de revenir sur scène ont parfois été critiqués par des personnalités prenant la défense du cinéaste franco-polonais, la secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa, comprend elle l'indignation suscitée par le sacre de Roman Polanski. 

"Qu'on ne nous demande pas d'applaudir"

"Je ne sais pas si on peut parler de radicalisme quand on a moins de dix personnes qui quittent la salle et des César remis à un homme accusé de viol", réagit Marlène Schiappa, estimant que "ce qui gâche la fête, ce sont les violences sexuelles". "J'ai vu qu'on a peu parlé de cinéma" pendant les César, reconnaît la secrétaire d'État, "mais pour cela, il faudrait que la justice puisse passer et que les femmes n'ait pas ce sentiment d'impunité vis-à-vis des violences sexuelles", dit-elle encore. 

Caroline Fourest, elle, refuse de qualifier les réactions de Florence Foresti et d'Adèle Haenel de radicales. "Si le radicalisme, c'est Foresti et Haenel, plus aucun mot n'a de sens", explique-t-elle. Revenant sur les critiques adressées aux contempteurs de Polanski, la journaliste dit qu'elle aurait pu comprendre "qu'on soit dans cet état d'émotion si on avait interdit les films de Polanski (...) mais qu'on ne nous demande pas d'applaudir le fait de récompenser l'homme pour la cinquième fois, comme s'il n'y avait vraiment personne d'autre qui méritait le César cette année, et comme si #MeToo n'était pas passé". Et de conclure : "C'est normal qu'aujourd'hui, on n'applaudisse pas". 

"On sent que cette soirée a un peu libéré tous les démons qu'on redoutait", poursuit Caroline Fourest. "Il y a d'un côté ceux qui ne veulent plus entendre parler de la moindre nuance entre un créateur et son oeuvre, et ceux qui nous expliquent que ne plus considérer comme anodin le fait d'être multi-accusé ou d'avoir reconnu des relations avec des jeunes filles mineures après #MeToo, c'est un totalitarisme. C'est un autre excès".