Oscars : le triomphe de Jean Dujardin et The Artist

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Le film français a remporté cinq statuettes, dont celle du meilleur film et du meilleur acteur.

Hollywood a ce matin un fort accent français. Jean Dujardin, Michel Hazanavicius et Thomas Langmann, sont montés sur la scène du Hollywood and Highland Center de Los Angeles dans la nuit de dimanche à lundi lors de la 84e cérémonie des Oscars.

Nommé dix fois, le film de Michel Hazanavicius a remporté cinq Oscars, soit autant que Hugo Cabret, de Martin Scorsese. Une performance aussi incroyable qu'historique. Jamais un film non anglo-saxon n'avait remporté la statuette du meilleur film. Jamais un acteur français n'avait obtenu celle du meilleur acteur. Quant au réalisateur, Michel Hazanavicius est le second français a obtenir pareille distinction après celle reçu par le franco-polonais Roman Polanski et son Pianiste en 2003.

Et cinq qui font 69

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Cette folle nuit hollywoodienne arrive deux jours après la belle soirée parisienne, qui a vue The Artist remporter six César. A Los Angeles, le film muet a ramassé les statuettes des meilleurs costumes, de la meilleure musique, du meilleur réalisateur, du meilleur acteur et du meilleur film. Si les deux premiers sont plutôt "techniques", les trois derniers sont les plus prestigieux décernés par l'Académie.

Au total, après ces Oscars, The Artist a remporté 69 distinctions. Cette moisson historique avait plutôt mal débutée. Dans son match avec Hugo Cabret, de Martin Scorsese, The Artist débutait plutôt mal cédait les premières récompenses au film américain... avant de tout rafler sur la fin.

"Pffff... J'ai un Oscar"

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Jamais un film français n'avait donc récolté autant de trophées à la cérémonie américaine. Ce qui n'a pas échappé à Michel Hazanavicius et Jean Dujardin, particulièrement ému au moment de monter sur scène pour recevoir leur prix. "Pfff... j'ai un Oscar", lâchait le réalisateur. "J'ai oublié mon discours. Je suis le cinéaste le plus heureux du monde", a-t-il ensuite dit, avant de remercier ses bailleurs de fonds, "les fous qui ont accepté de financer ce film".

Plus tard en conférence de presse, il a confié avoir été "comme un dingue" en recevant l'Oscar du meilleur réalisateur. "Ce n'est pas que mon cœur qui fait boom. C'est que j'étais comme un dingue. Vous avez vu les gens qu'il y avait en face : Terence Alexander Payne, Martin Scorsese, ce sont de très très grands réalisateurs. Il n'y avait aucune évidence pour moi. J'ai eu peur", a commenté la réalisateur.

Jean Dujardin n'était pas moins démonstratif. "I love your country", a-t-il lancé, devant une foule conquise. "Si George Valentin pouvait parler, il dirait : 'Putain, génial, merci, formidable'", a-t-il ajouté après avoir reçu sa statuette dorée des mains de l'actrice Natalie Portman.

Regardez Jean Dujardin recevoir son Oscar :

"And the Oscar goes to Jean Dujardin"par lemondefr

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"Un moment magique"

Le moment était particulièrement émouvant pour Thomas Langmann, le réalisateur du film. Monté sur scène pour recevoir l'Oscar du meilleur film en compagnie de Michel Hazanavicius, le producteur a tenu à honorer la mémoire de son père, Claude Berri. Cet Oscar tombe quarante-six ans pile après celui reçu par son père pour son court-métrage Le Poulet.

Interrogé par Europe 1, Thomas Langmann a laissé exploser sa joie. "On est très heureux, on est plus qu'heureux, c'est un moment magique. J'ai eu la chance que Tom Cruise me remette l'Oscar. Il a beaucoup aimé le film. Ils ont tous donné beaucoup d'affection à ce film", s'est réjoui le réalisateur.

"Je tiens à remercier tous les gens qui nous on aidé. On arrive pas là tout seul. J'avais très envie que Dujardin gagne son Oscar. Il le mérite vraiment", a-t-il commenté.

Troisième Oscar pour Meryl Streep

D'autres faits marquants ont émaillé la soirée. Si la vague française a déferlé sur Hollywood, les Américains ont répondu présent. Hugo Cabret, grand favori avec onze nominations, est reparti avec cinq statuettes. Meryl Streep, qui apparaissait pour la dix-septième fois dans la liste, a glané son troisième Oscar pour son incarnation de Margareth Thatcher dans La dame de fer 

Woody Allen, récompensé pour son scénario de Midnight in Paris, n'est, comme d'habitude, pas venu chercher son Oscar - son quatrième au total -  qu'il a attribué à l'Académie. Pour le symbole, on retiendra aussi le prix décerné à l'Iranien Asghar Ferhadi pour Une séparation. C'est la première fois qu'un film musulman est récompensé à Hollywood, ce que n'a pas manqué de souligné l'Iranien, à l'heure où de fortes tensions diplomatiques persistent entre son pays et les Etats-Unis. 

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