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Geoffrey Branger / Crédit photo : ALAIN JOCARD / AFP , modifié à
L'imam de Bagnols-sur-Cèze, Mahjoub Mahjoubi, poursuivi par une enquête pour apologie du terrorisme, a justifié ses propos polémiques sur le "drapeau tricolore" par un "lapsus" et dit comprendre que ses paroles aient pu "choquer". Pas de quoi convaincre Jérôme Bonet, préfet du Gard, qui souhaite, lui aussi, expulser le responsable religieux.

"Si j'ai pu blesser, je m'en excuse". Mahjoub Mahjoubi a fait son mea culpa ce mardi. L'imam de Bagnols-sur-Cèze est poursuivi dans le cadre d'une enquête pour apologie du terrorisme. Dans un prêche, il avait notamment déclaré que le "drapeau tricolore" était un "drapeau satanique", précisant toutefois qu'il ne parlait pas du drapeau français.

"Maladresse de langage"

Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, a toutefois demandé l'expulsion de ce Tunisien. Ce dernier plaide le "lapsus" ou encore la "maladresse de langage". Si le préfet du Gard, Jérôme Bonet, ne croit pas à ces excuses, pour Florence Bergeaud-Blackler, docteur en anthropologie au CNRS, invitée d’Europe 1 13h, c’est tout à fait possible. 

"Quand on regarde la séquence entière, on s'aperçoit qu’il parle de l’ensemble des drapeaux nationaux. Alors ça ne veut pas dire que c’est mieux, ça veut dire simplement qu’il est assez conforme à la pensée frériste, selon laquelle il n’y a qu’une seule nation, c’est la nation islamique, l’Oumma, et ce qu’on appelle les états nation, ce sont d’après eux des produits de l’occident, c’est ce qu’il appelle le Satan", souligne-t-elle.

Des déclarations sur la considération du peuple juif

Le préfet du Gard évoque également des prêches problématiques sur la place des femmes et contre les juifs, qui relèvent donc d'infractions et tombent sous le coup de la loi. Jérôme Bonet espère lui retirer son titre de séjour, afin de l’expulser de France, mais selon Linda Kebbab, déléguée nationale du syndicat Unité SGP Police FO, invitée d’Europe 1 ce mardi matin, ce ne sera pas possible.

"Il ne pourra pas être expulsé, parce que à la différence de l’affaire avec monsieur Iquioussen, une autorité administrative judiciaire avait dit qu’il n’était pas expulsable parce que ça contrevenait à l’article 8 de la cour Européenne des Droits de l’Homme, à savoir le droit à une vie de famille. Sauf que derrière, une autre autorité a cassé, en disant que ses enfants étaient tous majeur et donc qu’ils n’avaient pas besoin de leur père, ce monsieur a des enfants mineurs, donc il ne sera pas expulsé", explique-t-elle au micro d'Europe 1. Le titre de séjour de Mahjoub Mahjoubi, installé depuis plusieurs décennies en France avec des enfants scolarisés, est à ce jour valable jusqu'au 7 août 2029.