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«Elle a été tuée trois fois» : battue par son compagnon, une femme décède après neuf appels aux services de secours

Eléonore Richard (Correspondante Europe 1 à Marseille) - Mis à jour le . 2 min
«Elle a été tuée trois fois» : battue par son compagnon, une femme décède après neuf appels aux services de secours
«Elle a été tuée trois fois» : battue par son compagnon, une femme décède après neuf appels aux services de secours Quentin de Groeve / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP / © Quentin de Groeve / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Au début du mois d'août, Sylvia Iannello, 43 ans, est rouée de coups par son compagnon à son domicile à Martigues, mais elle refuse d’être emmenée à l’hôpital par les pompiers. Elle rappelle les secours un peu plus tard, sentant son état se dégrader. Les pompiers et le Samu ne se déplaceront pas et Sylvia est retrouvée morte le lendemain.

Assis sur le canapé de son salon, Pierre Iannello, le père de Sylvia, morte après avoir été rouée de coups par son compagnon, est partagé entre sentiment de colère et de vide. "Son soi-disant copain, dès que je l'ai connu je lui ai dit ‘quitte le’, c’est quelqu'un qui va te faire du mal", a déclaré Pierre Iannello à notre micro. Il aurait préféré avoir tort, malheureusement. "Il a pris la vie de ma fille" a soufflé le retraité. "En plus derrière, les pompiers et le SAMU n’ont pas bougé. Pour moi, ma fille a été tuée trois fois" a ajouté ce papa dans une émotion contenue. 

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Les pompiers et la police ont pris le temps de venir en fait une fois au domicile de la victime, le 2 août vers 3h30 du matin. Sylvia a indiqué alors qu'elle se sentait mieux mais qu'elle préférait porter plainte le lendemain. Et elle a refusé d'aller à l'hôpital avec les pompiers. Vers 5h, son état a fini par se dégrader. Vraisemblablement à bout de force, elle a rappelé les secours plusieurs fois. Les pompiers lui ont finalement répondu "il va falloir arrêter d’appeler" et "on est pas des taxis". 

Brenda, une des deux filles de la victime, est abasourdie par une réponse d'un régulateur du SAMU à sa mère. "Elle lui dit qu'elle était en train de mourir et qu'elle était en train de se faire dessus. Il lui a rigolé au nez en lui disant ‘Mais madame, ce n’est pas parce que vous vous faites dessus que vous êtes en train de mourir, allez voir un psychiatre’. Franchement, c'est dégueulasse", a lâché la jeune femme de 23 ans. 

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"C’est invraisemblable"

"Je comprends les sous-effectifs, les gens qui appellent pour rien, mais là en l’occurrence ce n’était pas pour rien. C’est invraisemblable, une femme vous appelle neuf fois et vous dit qu’elle est train de se sentir mourir, ce n'est pas anodin", a martelé Brenda, qui attend avec impatience que justice soit faite. 

Les secours ne reviendront pas malgré les appels de Sylvia. Celle-ci a succombé à une hémorragie interne suite à l’éclatement de sa rate. Elle sera retrouvée morte chez elle par une voisine le lendemain. Pour Maître Julien Plouton, l'avocat de la famille, cette affaire est une illustration du traitement des violences conjugales en France. "On a des affaires qui se suivent et on constate des défaillances, dans la prise en charge mais surtout dans le traitement de la parole de ces femmes qui viennent dénoncer les violences dont elles ont été victimes", a souligné l’avocat bordelais. 

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L’assistance-publique hôpitaux de Marseille (APHM) évoque de "potentielles défaillances" dans un communiqué. Les pompiers des Bouches-du-Rhône (SDIS 13) s’abstiennent de tout commentaire, indiquant que l'instruction judiciaire est en cours. Le compagnon de la victime est mis en examen pour coups mortels, et une information judiciaire pour "non assistance à personne en danger" contre X a été ouverte par le parquet d’Aix en Provence.