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Jean-Baptiste Marty, avec la rédaction d'Europe 1 / Crédit photo : XOSE BOUZAS / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP , modifié à
Mahjoub Mahjoubi, imam de Bagnols-sur-Cèze dans le Gard, a été interpellé en vue de son expulsion. Le responsable religieux faisait l'objet d'une enquête préliminaire pour apologie du terrorisme, ouverte par le parquet de Nîmes. Il avait notamment qualifié le drapeau tricolore de "drapeau satanique".

Quelques jours après la publication d'une vidéo dans laquelle il qualifie le drapeau tricolore de "drapeau satanique", Mahjoub Mahjoubi, imam de Bagnols-sur-Cèze dans le Gard, a été interpellé en vue de son expulsion, a appris l'AFP, confirmant une information de BFMTV. Il faisait l'objet d'une enquête pour apologie du terrorisme et Gérald Darmanin avait demandé le retrait de son titre de séjour.

Le ministre de l'Intérieur a d'ailleurs rapidement commenté l'arrestation du responsable religieux. "Instruction a été donnée de prendre un arrêté ministériel d’expulsion contre cet "imam" radical aux propos inacceptables et il a fait l’objet d’une visite domiciliaire et d’une interpellation. Sans la loi immigration, cela n’aurait pas pu être possible. La fermeté est la règle", a-t-il écrit sur X.

Un recours déposé mais non suspensif

L’imam de 52 ans a été interpellé à son domicile par trois policiers, et placé en centre de rétention administrative en région parisienne. Son avocat, maître Hamroun, a annoncé déposer un recours en référé, mais ce recours n’est pas suspensif : il ne peut empêcher l'expulsion si la Tunisie venait à délivrer un laisser-passer consulaire. L’expulsion de l’imam, arrivé en France en 1986, serait alors effective.

Pour rappel, il lui est reproché d’avoir véhiculé "une conception rétrograde, intolérante et violente de l’islam, de nature à encourager des comportements contraires aux valeurs de la République". Autres reproches : "La discrimination à l’égard des femmes, les tensions avec la communauté juive et la radicalisation djihadiste." L'imam Mahjoub Mahjoubi "aurait ainsi présenté les femmes comme étant inférieures, faibles et vénales, devant être contrôlées par les hommes et pouvant être séquestrées au nom de la religion".

"C'est une bonne nouvelle", se réjouit Rudy Manna

Invité sur Europe 1 ce jeudi midi, Rudy Manna, porte-parole du syndicat Alliance Police Nationale, a assuré que la vidéo en question allait "contre l'autorité de l'État" et se réjouit de la décision. "C'est une bonne nouvelle que les services de police aient interpellé cet imam et qu'il puisse rendre des comptes devant des officiers de police judiciaire et, ensuite, la justice décidera de son sort".

Reste désormais à savoir si la menace sera bel et bien mise à exécution. Invitée sur Europe 1 mardi, Linda Kebbab, déléguée nationale du syndicat Unité SGP Police FO, estime que les chances de voir cet imam reconduit à la frontière sont, en réalité, très minces. "Ce monsieur a des enfants mineurs, donc il ne sera pas expulsé", avait-elle déclaré. "Ce n'est jamais évident d'expulser. On sait que seuls 10% des personnes sous OQTF sont expulsées", confirme Rudy Manna selon qui, néanmoins, "l'État a envie d'expulser ce genre d'individus pour que cela ne se reproduise pas. Parce qu'in fine, c'est l'État français qui est attaqué". 

"On attend une expulsion définitive", demande Jean-Philippe Tanguy

L'arrestation de Mahjoub Mahjoubi, n'a pas manqué de faire réagir la classe politique. Les Républicains regrettent un manque de fermeté, comme l'indique le conseiller régional d'Île-de-France Othman Nasrou : "Il faut arrêter les faux-semblants. Gérald Darmanin se félicite en réalité d'un texte qui a beaucoup été vidé de sa substance parce qu'il se contente de peu. Il y a un énorme travail à faire de lutte contre le séparatisme et je crains que les outils juridiques soient nettement insuffisants au regard de l'enjeu". 

Même son de cloche au Rassemblement national. Pour le député de la Somme, Jean-Philippe Tanguy, cette interpellation est la moindre des choses : "Évidemment, on attend une expulsion définitive. Et le problème est que Gérald Darmanin ment sur les effets de sa loi. Aujourd'hui, les jurisprudences européennes et françaises pourraient permettre de ne pas l'expulser. Il n'y a pas de politique sur le long terme pour lutter contre l'intégrisme religieux et le fanatisme islamiste".