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Dans la famille Le Scouarnec, les non-dits et les traumatismes de violences incestueuses

Sandrine Prioul (correspondante dans l'Ouest) avec AFP . 2 min

Au deuxième jour du procès de Joël Le Scouarnec, jugé à Vannes pour violences sexuelles sur 299 patients, deux des fils de l'ex-chirurgien ont dressé à la barre mardi le portrait d'une famille hantée par les non-dits et les actes d'un grand-père incestueux, évoquant un père modèle dont la "perversion a explosé comme une bombe atomique".

Le plus jeune fils de Joël Le Scouarnec, appelé mardi à témoigner à Vannes au procès de son père pour 299 viols et agressions, a évoqué les non-dits et traumatismes liés aux violences sexuelles qui pèsent sur lui et sa famille. Au cours d'un long interrogatoire orchestré par la présidente Aude Buresi, cet électricien de 37 ans a d'abord dit le choc éprouvé lorsqu'en 2017, Joël Le Scouarnec est visé par une plainte pour le viol d'une voisine âgée de six ans.

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"Au début, on a du mal à croire que c'est réel (...) que c'est bien mon père", retrace-t-il en évoquant l'arrestation de l'ex-chirurgien qui mènera à la révélation des violences sexuelles sur ses nièces et des centaines de patients entre 1989 et 2014, la plupart mineurs au moment des faits.

Des violences sexuelles commises par le grand-père paternel

Avant cette date, le benjamin des Le Scouarnec affirme n'avoir jamais eu vent des agissements de son père, ni même de la condamnation de ce dernier en 2005 pour détention d'images pédopornographiques. "J'avais 18 ans à l'époque donc on aurait pu me dire", lance-t-il à la cour criminelle du Morbihan.

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Il n'était pas davantage au courant des violences sexuelles commises par son grand-père paternel sur l'un de ses frères lorsqu'il était enfant, des faits confirmés lors de cette deuxième journée d'audience par le frère victime. "Exhibition, fellation sur moi, attouchements, de la part de mon grand-père", énumère ce dernier, aujourd'hui âgé de 42 ans, lorsqu'il est appelé à la barre à son tour. Les agressions ont eu lieu "une dizaine de fois" à 5 ans, 9 ans, 10 ans, dans l'atelier du grand-père, dans sa chambre d'enfant... "J'ai les images en tête, je les aurai toute ma vie", assure-t-il. Il estime être le seul fils victime de ce grand-père paternel, se fondant sur des discussions avec ses frères.

"Toute la dynamique de l'inceste [était] dans cette famille"

"Quand on a eu un père pédophile et un grand-père pédophile, on s’interroge sur notre propre traumatisme", lance un des frères. Une famille gangrénée par l'inceste, selon l'avocate Maître Marie Grimaud. "La parole ne circulait pas. Les tabous existaient, les non-dits étaient là, toute la dynamique de l'inceste [était] dans cette famille... Comment le silence se propage, se renferme, se percute", indique-t-elle.

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Des questions auxquelles devra répondre l'ex-femme de Joël Le Scouarnec ce mercredi. Selon un de ses fils auditionné mardi, elle n’était pas au courant, sinon, dit-il, elle l’aurait quitté plus tôt. Pourtant, une lettre exhumée ces derniers jours indique qu’elle demandait de taire le passé de son mari.