Bir-Hakeim 1:06
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William Molinié avec AFP / Crédits photo : Dimitar DILKOFF / AFP , modifié à
Selon nos informations, Armand Rajabpour-Miyandoab, l'homme qui a tué un touriste germano-philippin, ce samedi 2 décembre, a été mis en examen dans la soirée du mercredi 6 décembre, quelques heures après l'ouverture d'une information judiciaire.

Après avoir été présenté à un juge d'instruction, ce mercredi 6 décembre, le Franco-Iranien Armand Rajabpour-Miyandoab a été mis en examen pour assassinat et tentative d'assassinat, en relation avec une entreprise terroriste et en état de récidive légale, et pour association de malfaiteurs terroriste criminelle. Un juge des libertés et de la détention doit dorénavant décider de son placement en détention provisoire ou non. Quatre jours après ce nouvel attentat djihadiste qui a mis l'exécutif sous pression, le Parquet national antiterroriste (Pnat) a annoncé mercredi ouvrir une information judiciaire.

Connu des services de renseignement pour son islamisme radical

Agé de 26 ans, connu des services de renseignement pour son islamisme radical et ses troubles psychiatriques, il a dit avoir agi en "réaction à la persécution des musulmans dans le monde". Pendant sa garde à vue, qui a été levée vers 16 heures selon le Pnat, il est apparu "très froid", "clinique", "désincarné", raconte une source proche de l'enquête.

Armand Rajabpour-Miyandoab, qui a fait allégeance au groupe Etat islamique (EI), avait été interpellé puis placé en garde à vue après l'attaque qui a causé samedi soir la mort d'un touriste germano-philippin de 23 ans à coups de couteau, et blessé deux autres personnes à coups de marteau, près de la Tour Eiffel, moins de huit mois avant les Jeux olympiques dans la capitale.

Le terroriste a dit avoir choisi cet endroit à dessein, d'après la source proche de l'enquête : le monument est un "lieu symbolique" et "il n'a pas supporté qu'elle soit allumée aux couleurs d'Israël", après les massacres commis par le mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre.

La garde de la vue de la proche du terroriste levée mercredi

Dimanche, ses parents et une proche avaient été à leur tour placés en garde à vue dans les locaux de la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI). Les parents, "très attachés à la France" selon la source proche de l'enquête, ont été remis en liberté dès lundi. La garde à vue de sa proche s'est poursuivie jusque dans la nuit de mardi à mercredi. Elle a finalement été levée mercredi matin "sans poursuites à ce stade", a précisé le Pnat, car "il n'y avait pas d'éléments à son encontre susceptible de caractériser une infraction pénale".

Selon une source proche du dossier, cette femme de 27 ans "appartient à la sphère jihadiste" et avait reçu une proposition de mariage récente du terroriste. Ce dernier l'avait "vue la veille" de son passage à l'acte, selon une source proche de l'enquête.

Une première condamnation à cinq ans d'emprisonnement en 2016

Le gouvernement est sous pression depuis cet attentat survenu après celui mi-octobre d'Arras dans le Pas-de-Calais, qui a coûté la vie à un enseignant et conduit au relèvement du plan Vigipirate au niveau maximal "urgence attentat". À l'extrême droite et à droite, des voix se sont élevées pour réclamer une extension de la "rétention de sûreté" aux condamnés pour actes terroristes. Armand Rajabpour-Miyandoab avait déjà été condamné à cinq ans d'emprisonnement pour association de malfaiteurs terroriste, après un projet d'action violente à la Défense, le quartier des affaires à l'ouest de Paris, en 2016. Il était sorti en mars 2020 de prison.

Avait-il encore des liens au sein de la sphère islamiste ? Les enquêteurs sont limités dans leurs investigations par le fait qu'ils n'ont pas retrouvé de téléphone de cet homme, selon la source proche de l'enquête. Depuis samedi, son suivi médical a suscité interrogations et critiques. "Le risque zéro n'existe pas. Exiger cela n'est pas possible. Ce que l'on doit exiger des dirigeants, c'est que nous soyons pro-actifs", a commenté mercredi matin sur France 2 le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti. "La difficulté ici est l'injonction thérapeutique. Comment on peut contraindre quelqu'un à prendre ses médicaments ? C'est ce à quoi nous réfléchissons", a-t-il poursuivi.

"Protéger les Français"

"Il y a eu manifestement un ratage psychiatrique", avait tranché lundi le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, estimant lui aussi qu'il fallait "réfléchir à tout ça pour protéger les Français". Le procureur antiterroriste Jean-François Ricard avait indiqué dimanche que le terroriste, fiché pour radicalisation islamiste, était "soumis à une injonction de soins impliquant un suivi psychiatrique resserré et contrôlé par un médecin coordinateur" jusqu'à la fin de la mise à l'épreuve le 26 avril 2023, après une nouvelle expertise psychiatrique.

La mère du suspect avait confié en octobre à la police s'inquiéter pour son fils, voyant qu'il "se repliait sur lui-même", selon le procureur antiterroriste. Les services de police avaient alors tenté de le faire examiner par un médecin et de l'hospitaliser d'office, une mesure finalement impossible en l'absence de troubles, selon une source proche du dossier. D'après une source au sein des services de renseignement, environ 20% des 5.200 personnes connues pour radicalisation en France souffrent de troubles psychiatriques.