Attaque gare de Lyon : la garde à vue de l'assaillant levée au vu de son «état psychiatrique incompatible»

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avec AFP / Crédit photo : THOMAS SAMSON / AFP , modifié à
Du fait de son état psychiatrique, la garde à vue du Malien de 32 ans, auteur d'une attaque au couteau qui a blessé trois personnes à la gare de Lyon ce samedi, a été levée. L'assaillant est donc pour le moment pris en charge par l'infirmerie psychiatrique de la préfecture de police.

Un Malien de 32 ans atteint de troubles psychiatriques, qui a agressé à l'arme blanche trois personnes, dont une grièvement, samedi matin gare de Lyon à Paris, a été placé en garde à vue avant de voir celle-ci levée dans la soirée à cause de son état psychiatrique. L'attaque s'est produite à moins de six mois des Jeux olympiques de Paris où 15 millions de visiteurs sont attendus dans un contexte sécuritaire tendu. Le plan Vigipirate avait été rétrogradé au niveau 2 ("sécurité renforcée - risque attentat") le 15 janvier.

Selon les informations du service Police-Justice d'Europe 1, d'après une source policière, l'assaillant présente un profil psychiatrique. Durant sa garde à vue, ce Malien a justifié son acte par des théories conspirationnistes. L'homme de 32 ans décrit la France comme un Etat post colonial. Actuellement, des vidéos potentielles du suspect circulent sur les réseaux sociaux, mais aucune authentification n'a encore été confirmée. La thèse du motif religieux ou terroriste est écartée, on est davantage sur un déséquilibré.

Deux personnes encore hospitalisées 

L'agression a eu lieu peu après 07H30 : l'assaillant a blessé grièvement un homme en lui portant un coup de couteau à l'abdomen et deux coups de marteau à la tête, selon une source policière. Selon le parquet, cette personne avait toujours un pronostic "vital engagé" en début de soirée et était toujours hospitalisée, tout comme une autre personne plus légèrement blessée. Une troisième personne, blessée à une main, est sortie de l'hôpital. Selon le ministère public, tous trois, hospitalisés à Saint-Antoine et Lariboisière, sont des "passants" qui se seraient "interposés" et ont été "blessés par des coups de couteau et de marteau".

L'assaillant, de nationalité malienne, était "en situation régulière en Italie depuis 2016, avec un titre émis en 2019 tout à fait valable", selon les documents trouvés en sa possession, avait précisé plus tôt le préfet de police de Paris Laurent Nuñez, qui s'est rendu sur place. Ce titre lui permettait de voyager en France en toute légalité. Selon les papiers d'identité qu'il a présentés, il est né le 1er janvier 1992, selon une source proche du dossier. Il était jusque-là inconnu des services de police français comme italiens, selon une source policière. "Cet individu manifestement souffre de troubles psychiatriques", avait précisé le préfet et "des médicaments" ont été retrouvés sur lui.

"Etat psychiatrique incompatible"

L'information s'est confirmée dans la soirée : après une journée en garde à vue et les premières questions posées par les enquêteurs, la garde à vue de ce Malien a été "levée suite à l'examen de comportement", selon le parquet. Cet examen a révélé un "état psychiatrique incompatible avec la mesure de contrainte. Il est donc pour le moment pris en charge par l'infirmerie psychiatrique de la préfecture de police", a-t-il précisé. De premiers éléments convergeaient initialement pour dire que l'homme présentait un "profil SDF", mais "aucun signe de religiosité".

Les enquêteurs s'intéressent notamment à un compte TikTok, qui reste à authentifier, ouvert au nom de l'assaillant sur lequel figure un homme noir à lunettes, barbu, cheveux ras. Sur l'une des vidéos, datée du 2 décembre 2023, l'auteur du compte écrit : "R.I.P. (repose en paix, NDLR) dans trois mois, qu'Allah m'accueille dans son paradis". Dans d'autres vidéos, il exprime notamment son ressentiment à l'égard de la France, faisant référence à l'intervention militaire française au Mali. Le Parquet national antiterroriste est en observation dans cette affaire. L'enquête pour tentative d'assassinat a été confiée au 2e district de la police judiciaire parisienne.

Feu au sac à dos

"Des premiers éléments, restant à confirmer, révéleraient que le mis en cause aurait d'abord mis le feu à son sac à dos" avant de s'en prendre aux usagers de la gare, a précisé le parquet. L'homme "a d'abord été maîtrisé par des passants" avant l'intervention de la Suge, la police ferroviaire de la SNCF, qui l'a ensuite remis à la police, a détaillé une source policière, précisant que l'homme "n'aurait pas crié durant son action". Ces agressions ont provoqué une "réorganisation" des flux de la gare mais la circulation des trains était restée "normale", selon la SNCF.