«Nous devrions avoir au moins un mètre» : dans l'Himalaya, la neige manque cruellement en plein cœur de l'hiver

Dans la région du Cachemire située entre l'Inde, le Pakistan et la Chine, les habitants n'ont quasiment pas vu un seul flocon tomber sur les sommets qui les surplombent.
Dans la région du Cachemire située entre l'Inde, le Pakistan et la Chine, les habitants n'ont quasiment pas vu un seul flocon tomber sur les sommets qui les surplombent. © Nasir Kachroo / NurPhoto / NurPhoto via AFP
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Yanis Darras avec AFP
La crise est sans précédent dans une partie de la chaîne de l'Himalaya. Dans la région du Cachemire, au pied des montagnes, la neige manque cruellement. Les précipitations sont en baisse de 80% par rapport aux normales de la saison, laissant les habitants dans la crainte d'un été sans eau.

Les flocons se font rares sur les sommets de l'Himalaya. Dans la région du Cachemire située entre l'Inde, le Pakistan et la Chine, les habitants n'ont quasiment pas vu un seul flocon tomber sur les sommets qui les surplombent. Cette année, les pentes des montagnes sont restées brunes et dénudées, des conditions météorologiques exceptionnelles liées, selon les experts, au réchauffement de la planète. 

Un désastre pour Gulmarg, l'une des stations de ski les plus hautes au monde, localisée dans le Cachemire indien, qui attend désespérément les milliers de touristes qu'elle attire habituellement. Même constat sur les flancs de montagne Pakistanais, où les gérants des stations de ski regardent désespérément le ciel. 

Normalement, à cette époque de l'année, "nous devrions avoir au moins 1 mètre à 1.50 mètre de neige. Mais pour l'instant, nous n'avons rien", relate à nos confrères de Ouest France, Vikram Katoch, fondateur d'une ONG de sauvegarde de la vallée de Lahaul-Spiti en Inde. 

Effondrement des précipitations

La région a enregistré peu de pluie cette année et les températures affichent en moyenne six degrés Celsius de plus que la normale depuis l'automne dernier, selon les services de météorologie. Le mois dernier, les précipitations au Cachemire étaient 80% plus faibles que les années précédentes. Les quelques averses de neige tombées sur Gulmarg ont vite fondues. Le ministère indien des Sciences de la Terre s'attend à un impact particulièrement marqué du réchauffement climatique dans l'Himalaya et au Cachemire, selon un rapport de 2020.

Début janvier, l'Organisation météorologique mondiale de l'ONU a annoncé que 2023 avait été "de loin" l'année la plus chaude jamais enregistrée. La température mondiale moyenne annuelle en 2023 était de 1,45 degré Celsius au-dessus des niveaux préindustriels (1850-1900).

Inquiétudes pour cet été

Outre un effondrement de l'industrie du ski, les habitants de la région s'inquiètent d'une pénurie d'eau qui pourrait avoir un impact désastreux sur l'agriculture. "On appelle cette région le troisième Pôle, car ses champs de glace contiennent la plus grande réserve d’eau douce en dehors des régions polaires", explique Joydeep Gupta, un rédacteur de la plateforme scientifique The Third Pole. Problème, dix fleuves alimentant presque deux milliards de personnes prennent leur source dans la chaîne de l'Himalaya.

Selon le climatologue Shakil Romshoo, le Cachemire devrait "connaître des périodes de sécheresse plus fréquentes et plus prolongées" dans les décennies à venir. Les changements climatiques ont déjà poussé les agriculteurs à modifier leurs pratiques. Cette semaine, les autorités du Cachemire ont mis en garde contre des pénuries d'eau et les risques d'incendies de forêt, faute de neige, qui alimente généralement les rivières.

Des cultivateurs ont abandonné le riz pour des arbres fruitiers, moins gourmands en eau. Mais avec la sécheresse et l'ensoleillement, des arbres sont déjà en fleurs, avec plus de deux mois d'avance.