Baisers forcés, pubs sexistes, injures : les dérapages misogynes entachent la Coupe du monde

Quand la fête bat son plein dans les rues de Moscou, certains supporters en profitent pour se livrer à des attouchements (image d'illustration).
Quand la fête bat son plein dans les rues de Moscou, certains supporters en profitent pour se livrer à des attouchements (image d'illustration). © VASILY MAXIMOV / AFP
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Mathilde Belin, avec AFP , modifié à
De nombreux cas de misogynie, de sexisme et d'agressions sexuelles envers des supportrices et des journalistes ont été rapportés en marge de la Coupe du monde de football en Russie.

Depuis le début de la Coupe du monde en Russie, de nombreux cas de sexisme et d’agressions sexuelles ont été rapportés, au point qu’une des plus hautes instances du Mondial a réagi vendredi. "Nous demandons à tous les supporters de se comporter dans un respect total", a lancé le directeur général du comité d'organisation du Mondial 2018. Quand la fête bat son plein dans les rues de Moscou, certains supporters en profitent en effet pour se livrer à des attouchements.

Baisers forcés et mains baladeuses. Les cas les plus criants sont ceux des journalistes car ces agressions ont été souvent filmées en direct. La journaliste mexicaine Mariana Zacarias a été trois fois victimes d’agression sexuelle en deux semaines : la première fois, un homme a tenté de l'embrasser de force alors qu'elle se préparait à intervenir face caméra. Lors d'un autre direct, un homme lui a donné une claque sur les fesses. La fois suivante, elle a été prise dans les bras d'un inconnu contre son gré.

"C'est désagréable, offensant et cela ne devrait pas avoir lieu. Nous sommes en train de faire notre travail, nous méritons le respect", a-t-elle dénoncé auprès de l'Agence France Presse. L'AFP qui a elle aussi rapporté l'agression de deux de ses journalistes, tout comme une de France 24, embrassée de force en plein direct à la télévision. Et certaines, qu'elles soient brésilienne ou colombienne, n'ont pas hésité à réprimander en direct ces supporters irrespectueux :

De nombreuses journalistes sportives ont également été dénigrées en s’entendant dire par des supporters que, parce qu’elles sont des femmes, elles n’y connaissent rien au football. "Je ne veux pas de femmes comme commentatrice de foot; "Vicki Sparks sur BBC elle est horrible. L'égalité à marche forcée me fait grincer des dents", peut-on par exemple lire sur Twitter. Face à ce déferlement, confrères et instances sportives sont montées au créneau. La chaîne publique allemande ZDF a porté plainte vendredi contre deux internautes accusés d'avoir proféré des injures sexistes à l'encontre de la commentatrice Claudia Neumann. "Apparemment, certains téléspectateurs ont encore un problème avec le fait qu'une femme commente un match de foot", regrette la chaîne.

Des supportrices injuriées. Sur les réseaux sociaux, de nombreuses vidéos attestent du comportement sexiste - voire obscène - de certains supporters en Russie. Et les journalistes n’en sont pas les seules victimes. Dans une vidéo, un Colombien approche des supportrices japonaises pour les faire répéter une phrase en espagnol qu’elles ne comprennent pas : "Yo soy perra" ("Je suis une salope"). L’homme a fini par s’excuser dans la presse, expliquant qu’il était sorti "ivre du stade", après la rencontre Colombie-Japon mardi.

Dans une autre vidéo, on peut voir des Argentins encourager une femme russe à répéter des propos dégradants, pensant qu'il s'agit d'un chant de fans. "Boceta rosa", finit-elle par lâcher, ce qui signifie "chatte rose" :

La répétition de ces polémiques a notamment poussé le ministère colombien des Affaires étrangères à rappeler à l’ordre ces concitoyens : "Nos compatriotes actuellement présents en Russie pour la Coupe du monde se doivent de respecter les règles du pays qui leur a ouvert ses portes."

Les femmes russes méprisées. Les femmes russes font elles aussi l’objet de misogynie pendant cette Coupe du monde. Un tabloïd russe a publié un article mercredi pour condamner "la vénalité des femmes russes" qui "draguent les étrangers". "Devant les étrangers, de nombreuses Russes se conduisent comme des putes. Nous avons éduqué une génération de putes, prêtes à ouvrir leur jambes dès qu'elles entendent le son d'une langue étrangère", écrit sans détour le quotidien Moskovski Komsomolets. Cet article suscitait de vives réactions dans le pays vendredi, avec notamment la mise en ligne d’une pétition qui réclame des excuses publiques de la rédaction et de son auteur.   

Et ce n'est pas tout. La chaîne de fast-food Burger King a pour sa part dû s’excuser après avoir diffusé une publicité qui proposait des hamburgers gratuits aux femmes russes "tombées enceintes de stars du football" pendant le Mondial. "Burger King offre une récompense aux femmes qui tombent enceintes de stars du football. Chaque femme recevra trois millions de roubles (environ 41.000 euros) et des hamburgers à vie", fanfaronnait Burger King dans cette publicité, qui a provoqué un véritable tollé dans la presse internationale.

Ces cas de sexisme, de harcèlement et de misogynie pendant la Coupe du monde ont poussé le Comité d'organisation à réagir vendredi, appelant les "supporters à se comporter dans un respect total" des femmes. Le directeur général du Comité Alexeï Sorokine n’ose pas s’aventurer dans un recensement chiffré de ces pratiques, mais il assure que "ce n'est pas un problème de grande ampleur".