Non, les qualifs de Roland-Garros ne sont pas forcément un calvaire

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En 1997, Filip Dewulf, issu des qualifications, était parvenu jusqu'en demi-finales de Roland-Garros. © PATRICK KOVARIK / AFP
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Pour un joueur anonyme, les qualifications à Roland-Garros peuvent tourner au parcours du combattant. Mais le jeu peut en valoir la chandelle. 

Mais que vont-ils faire dans cette galère ? Pour 224 joueurs et joueuses, Roland-Garros a déjà commencé. Tous tentent de gagner les 28 places disponibles (pour 16 hommes et 12 femmes) dans le grand tableau des Internationaux de France, via les éprouvantes qualifications. De loin, l’épreuve a toutes les allures d’une purge. Des tribunes quasi vides, des ramasseurs de balle en rodage, trois matches à se coltiner en trois jours. De quoi, pour les heureux qualifiés, laisser un maximum d’énergie en route. Mais en fait, à y regarder de plus près, les joueurs, pour la plupart des anonymes, y trouvent leur compte.

L’argent, le nerf de la guerre. Certes, on est loin des 2 millions d’euros promis au vainqueur du tournoi, tant chez les dames que chez les hommes. Mais pour un joueur évoluant au-delà de la 100ème place mondiale, tout prize-money est bon à prendre. Et ceux promis aux joueurs disputant les qualifications n’est pas négligeable. Simplement jouer le premier tour des qualifications assure un gain de 3.000 euros (3.500 euros pour les joueuses, qui sont moins nombreuses). Un match remporté, et la mise grimpe à 7.000 euros. Enfin, une élimination au troisième tour des qualifications, et c’est 14.000 euros dans la poche. Enfin, sortir des qualifications, c’est 30.000 euros, juste pour disputer le premier tour de Roland-Garros, donc. De quoi voir venir les mois prochains avec plus de sérénité.

Des points ATP à glaner. Par rapport au vainqueur du tournoi, le gain en points ATP peut là aussi paraître mince. Mais, pour un joueur modeste, disputer les qualifications de Roland-Garros peut rapporter (relativement) gros. Franchir le cap des qualifications rapporte ainsi 25 points pour le classement mondial. Quand on sait que l’actuel 100ème mondial, le Taïwanais Yen-Hsen Lu, en compte 585, le gain, pour trois jours de compétition, est conséquent. Un joueur éliminé dès le premier tour dans le grand tableau ne gagne lui que 10 points ATP.

Une petite notoriété. Certes, les gradins ne sont pas remplis comme lors de la vraie quinzaine de Roland-Garros. Mais selon les estimations de France Info, pas moins de 20.000 spectateurs assistent aux qualifications. Soit plus que pour la plupart de tournois challengers (tournoi de seconde zone), auxquels nombre de joueurs de l’ombre sont habitués. 

Pas forcément une impasse. Oui, on peut franchir les qualifications et aller loin à Roland-Garros. Bon, soyons honnêtes, l’écrasante majorité des joueurs qui intègrent le grand tableau ne survivent pas longtemps dans le tableau. S’ils passent un tour, c’est déjà le bout du monde. Mais en 1997, un Belge méconnu, sorti des qualifications, a fait souffler un vent de folie sur Roland-Garros. Filip Dewulf a en effet rejoint les demi-finales, en éliminant au passage Magnus Norman et Alex Corretja, l’un des favoris du tournoi.

Passer par les qualifications permet d’engranger de l’expérience pour les années à venir. Tous les grands joueurs ou presque sont d’ailleurs passés par là. Certains ont même réussi l’exploit de remporter le tournoi après avoir dû disputer les qualifications l’année précédentes. Il s’agit de Mats Wilander, en 1982, et de Gustavo Kuerten, en 1997. Deux futurs triples vainqueurs, excusez du peu.