JO 2018 : les Jeux des Bleus, entre émotions et désillusions

Simon Schempp et Martin Fourcade à Pyeongchyang (1280x640) Odd ANDERSEN / AFP
Martin Fourcade qui bat Simon Schempp d'une chaussure : l'image des Jeux côté français. © ODD ANDERSEN / AFP
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L'équipe de France a égalé à Pyeongchang son meilleur total de médailles, avec quinze breloques, dont cinq en or, son meilleur total.

Elle visait 20 médailles. Mais l'équipe de France devra finalement se contenter de quinze, ce qui constitue un aussi bon total qu'à Sotchi, mais avec un meilleur bilan au niveau des titres (cinq). Trois (dont un avec le relais mixte) ont été apportés par le seul Martin Fourcade, porte-drapeau qui a tenu son rôle de leader. Mais le biathlète, devenu à Pyeongchang le sportif français le plus titré aux Jeux, n'a pas été le seul à se mettre en évidence à Pyeongchang côté français. Petit bilan.

  • Les émotions : la joie de Fourcade, les larmes de Manificat, le sourire de Laffont

À Sotchi, il avait été battu à la photo-finish par Emil Svendsen. Quatre ans plus tard, c'est lui, cette fois, qui a pris le dessus sur l'Allemand Simon Schempp, sur la même épreuve de la mass start, l'épreuve la plus spectaculaire du biathlon, d'une chaussure. Quatorze centimètres pour l'histoire, qui ont permis à Martin Fourcade de dépasser la légende Jean-Claude Killy avec quatre titres aux Jeux olympiques d'hiver. Incontestablement l'image des Jeux côté français.

Cette victoire est d'autant plus belle que Fourcade est allé la chercher trois jours après avoir laissé échapper le titre sur l'individuelle, avec deux maudites fautes sur ses deux dernières balles. Une réaction d'immense champion, comme il en avait déjà eu une lors de ces Jeux en dominant la poursuite après avoir manqué son sprint (8ème). Enfin, à l'issue du relais mixte, Fourcade est devenu tout simplement l'athlète français le plus doré de l'histoire des JO, avec cinq titres. Historique.

Historique aussi, le bilan du ski de fond français. Les fondeurs tricolores n'avaient récolté jusque-là que deux médailles dans l'histoire des Jeux, avec Roddy Darragon sur le sprint à Turin, en 2006 (argent) puis avec le relais 4x10 km à Sotchi (bronze). Ils ont fait aussi bien à Pyeongchang, avec deux médailles de bronze, auxquelles à chaque fois Maurice Manificat a apporté son écot : sur le 4x10 km et le sprint par équipes, qui se déroule à deux fondeurs. Ce même Maurice Manificat, désormais triplé médaillé de bronze aux Jeux olympiques, qu'on avait vu en pleurs quelques jours plus tôt à l'issue d'une deuxième place de cinquième sur le 15 km…

Première à faire résonner La Marseillaise à Pyeongchang, Perrine Laffont, 19 ans seulement, a décroché l'or de l'épreuve de ski de bosses. Déjà présente il y a quatre ans à Sotchi, la surdouée du ski acrobatique français a devancé la Canadienne Justine Dufour-Lapointe de neuf centièmes de point seulement

  • Les confirmations : Pinturault, Bescond, Vaultier, Martinod, les "cumulards"

Certes, il n'a toujours pas décroché la médaille d'or qui lui manque encore dans un grand championnat, mais Alexis Pinturault a confirmé qu'il restait la valeur sûre du ski alpin français. Il a entamé ces Jeux en terminant derrière le monstre Marcel Hirscher sur le combiné (descente + slalom), puis a décroché une nouvelle médaille de bronze sur le géant, quatre ans après Sotchi. Sur le slalom, il a participé au tir groupé français, avec une cinquième place. Enfin, il n'a pu faire mieux que quatrième de l'épreuve par équipes avec l'équipe de France. Son bilan des Jeux : 2ème, 3ème, 5ème et 4ème. Pas mal quand même, non ? On peut lui y associer Victor Muffat-Jeandet, qui, lui aussi, a réussi ses Jeux, avec le bronze sur le combiné et deux places de sixième (géant et slalom).

Quelques minutes avant Martin Fourcade, Anaïs Bescond avait débloqué le compteur du biathlon sur la poursuite. Elle aussi a réussi une belle moisson en Corée du Sud puisqu'elle était membre du relais mixte en or et qu'elle est allé chercher la médaille de bronze avec le relais féminin, en compagnie d'Anaïs Chevalier, de Marie Dorin Habert et de Justine Braisaz. Le signe d'un biathlon français qui, à lui seul, a ramené un tiers des médailles françaises (cinq sur quinze, trois en or et deux en bronze).

Sacré champion olympique à Sotchi il y a quatre ans, Pierre Vaultier a de son côté assumé son statut de favori pour réaliser le doublé et entrer ainsi dans la grande histoire du sport français. Les trentenaires des "sports de jeunes" se sont bien portés à Sotchi puisque Marie Martinod, médaillée d'argent à Sotchi, a elle aussi confirmé, avec une nouvelle deuxième place en snowboard halfpipe.

  • Les déceptions : Papadakis-Cizeron, l'argent seulement mais de grands moments

Certes, il s'agissait de leurs premiers Jeux olympiques. Certes, ils sont encore jeunes. Mais, quand on est déjà double champions du monde et qu'on détient le record du monde, on n'est jamais satisfait de terminer deuxièmes. Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron, médaillés d'argent en danse sur glace, ont dit le contraire mais leurs visages sur le podium trahissaient leur déception. Leur performance lors du programme court, malgré une robe décousue, et celle lors du libre, pleine de grâce, resteront deux grands moments de ces Jeux.

Déception aussi à Pyeongchang pour Chloé Trespeuch en snowboardcross, qui ne termine que 5ème, pour le patineur Alexis Contin, 5ème lui aussi du sprint de la mass start conditionnant la distribution des médailles, pour l'équipe de France de combiné nordique et Jason Lamy-Chappuis, 5ème elle aussi, et enfin pour Kevin Rolland, à terre lors de la finale de ski halfpipe et finalement 11ème.

  • Les désillusions : Worley et le skicross loin du compte

Arrivée sur les Jeux avec "de grandes ambitions", de son propre aveu, Tessa Worley est repartie de Pyeongchang sans breloque. Elle peut avoir des regrets sur le géant, dont elle a complètement manqué la première manche (14ème). Malgré une très belle réaction lors de la deuxième manche, elle n'a pas réussi pas l'exploit de revenir dans les trois (7ème). Après un Super-G anecdotique (28ème), elle n'est pas montée sur la boîte non plus lors de l'épreuve par équipes, dont la France était championne du monde en titre.

Le skicross français avait réalisé le triplé en 2014, à Sotchi. Aucun de ses représentants n'a cette fois réussi à s'inviter en finale, Arnaud Bovolenta s'arrêtant en demi-finales et Jean-Frédéric Chapuis, champion olympique en titre, échouant lui dès les quarts de finale. Chez les femmes, Alizée Baron n'a pas réussi, elle non plus, à s'inviter en finale. Mais le plus triste dans ce bilan reste bien sûr les deux blessures, de Terence Tchiknavorian en huitièmes de finale et d'Ophélie David à l'entraînement. On ajoutera au chapitre des désillusions Tess Ledeux, en ski slopestyle, favorite mais absente de la finale.

  • Les révélations : Pereira de Sousa, l'argent jeune

Âgée elle aussi de 16 ans, comme Tess Ledeux, Julia Pereira de Sousa a elle réussi ses Jeux. Elle a pris la deuxième place de l'épreuve de snowboardcross, devenant ainsi la plus jeune médaillée olympique française aux JO d'hiver, à 16 ans et deux mois. Même s'il n'a pas décroché de médaille, impossible de ne pas signaler également au rayon des révélations le jeune skieur alpin Clément Noël, quatrième du slalom et de l'épreuve par équipes. À seulement 20 ans, il est l'avenir de l'alpin français et sera, on l'espère pour lui, l'un des meilleurs représentants tricolores lors des prochains JO d'hiver, à Pékin, en 2022.