Paris, un derby et deux rugbys

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François QUIVORON , modifié à
Pour présenter le derby entre le Stade Français et le Racing-Métro, match phare samedi de la 12e journée de Top 14, Thomas Savare et Jacky Lorenzetti, les présidents de deux clubs, avaient convié la presse au cossu Rugby Club. Un lieu en décalage avec la joute verbale, mais cordiale, qui a animé les débats entre deux clubs à l'identité forte. Morceaux choisis.

Pour présenter le derby entre le Stade Français et le Racing-Métro, match phare samedi de la 12e journée de Top 14, Thomas Savare et Jacky Lorenzetti, les présidents de deux clubs, avaient convié la presse au cossu Rugby Club. Un lieu en décalage avec la joute verbale, mais cordiale, qui a animé les débats entre deux clubs à l'identité forte. Morceaux choisis. Pourquoi cette conférence de presse commune avant le derby ? Jacky Lorenzetti: Je me réjouis d'être ici au côté de Thomas (Savare), parce que cela montre que le Racing existe. Max (Guazzini) nous a refusé les matches au Stade de France ces deux dernières années, parce que sa stratégie était de considérer que le Racing n'existait pas dans le monde du rugby et en particulier dans le rugby français. C'est une page qui se tourne, c'est bien, c'est aussi légitime, au regard de l'histoire des deux clubs. (...) C'est bien aussi pour l'aspect populaire de ce sport. On a deux cultures complètement différentes. D'un côté le Stade Français avec une culture plus décalée, plus showbiz, et nous avec une culture plus familiale avec les valeurs essentielles du rugby. Moi, le calendrier, je le trouve un peu ringard, un peu scabreux, à la limite du licencieux. Mais chacun son truc. J'espère que ce sera un grand match. Et j'espère bien que l'on va battre le Stade Français deux fois. Le but, c'est d'en faire un clasico du rugby français ? Thomas Savare: On espère que ce sera le sommet du rugby français, en tout cas ce sera le sommet du rugby francilien, c'est une certitude. Le but, c'est d'en faire un rendez-vous fort dans la saison. J.L.: Je crois que le clasico est le nom donné au match entre Toulouse et le Stade Français. Il y a beaucoup moins de logique historique, puisque là c'est un club parisien contre un club francilien. La région parisienne évolue beaucoup, aujourd'hui on parle de Grand Paris, donc c'est bien le derby de Paris et de la région parisienne. Cela montre la vigueur et la force du rugby parisien. Avez-vous prévu un trophée spécial pour le vainqueur de la rencontre ? T.S.: Ça n'a pas encore été décidé. C'est quelque chose que l'on a évoqué, mais rien n'a été décidé pour le moment. J.L.: On est toujours très symbolique dans le rugby. Ce n'est pas exclu, on est en train de réfléchir pour mettre en place quelque chose dans ce sens-là. (Intervention de Richard Pool-Jones, vice-président du Stade Français, qui se moque du palmarès du Racing-Métro) J.L.: C'est bien de rappeler l'histoire. Les Anglais sont toujours friands de l'histoire très ancienne. Mais je me permets de rappeler que depuis que nous sommes promus, on a été deux fois en H Cup. Pour la première année en Top 14, on est sixième, vous étiez en train de vous battre pour ne pas être relégué. Et l'année dernière, on termine deuxième de la saison régulière. Vous, on ne vous a jamais vu. Sur les différentes confrontations, on a gagné trois fois en quatre matches. Nous aussi, on va se battre pour les premières places. On est conscient qu'on a un peu de retard en termes de palmarès, mais fais-moi confiance, on va le combler. Les deux clubs s'inspirent-ils l'un de l'autre, selon vous ? T.S.: Non, on ne va pas chercher de l'inspiration dans le Racing. Ce sont deux vieux clubs, les premiers champions de France. Maintenant, chacun a sa personnalité, chacun a ses valeurs et son image. Nous avons notre propre inspiration, nos propres ambitions. Ce sont deux clubs assez différents. Pour moi, c'est le Stade Français, le club de la capitale, un club à part dans le rugby français, un peu décalé, avec un palmarès riche et de fortes ambitions dans l'avenir. J.L.: Le Racing n'a pas besoin du Stade Français. On a chacun notre propre histoire et notre propre culture, qui sont notoirement différente. Le calendrier en est l'exemple. La façon dont le Stade Français reçoit les autres équipes au Stade de France aussi, c'est très showbiz. Nous, nous avons fait le trophée Coubertin l'année dernière sur d'autres valeurs en recevant Toulouse et on a rempli aussi le stade, c'était une fête énorme. On ne peut pas dire qu'avec Max Guazzini j'avais d'excellentes relations, mais il faut lui laisser ce qu'il a fait, il a défriché le Stade Français. L'émulation est toujours bonne et on va se battre pour les supporters. C'est une façon de nous stimuler. T.S.: Je crois que le Stade Français a besoin du Racing. C'est bien d'avoir un deuxième club à Paris qui peut jouer le haut du tableau. Je ne sais pas si c'est vrai dans l'autre sens. Mais le Stade Français a changé la face du rugby en France, il a fait venir plus de monde dans les stades. (Nouvelle intervention de Richard Pool-Jones qui ironise sur les nombreux joueurs du Racing voulant poser dans le calendrier du Stade Français) J.L.: Vous, vous avez peut-être quelques joueurs du Racing qui veulent figurer dans le calendrier. Nous, on a beaucoup de joueurs du Stade Français qui veulent venir au Racing. Je vous préviens pour les transferts l'année prochaine. C'est sûrement à cause du maillot qui n'a pas changé depuis 1882. Ce genre de débat ne peut-il pas déboucher sur des dérapages ? J.L.: Il est normal que chacun réaffirme sa personnalité. Je crois qu'il y a la place pour deux clubs à Paris. Je suis allé voir trois personnes quand j'ai repris le Racing il y a cinq ans en leur demandant si elles souhaitaient revoir le Racing au haut niveau. Bernard Lapasset, le président de la Fédération à l'époque, m'a dit oui, Serge Blanco, le président de la Ligue, m'a dit oui. Et je suis allé voir Max Guazzini qui m'a dit oui, mais qui a oublié assez vite ce qu'il m'avait dit. Je suis content de voir que le nouveau président du Stade Français a de la mémoire. T.S.: Il n'y a pas de risque de débordements, nous sommes des gens respectables, avec les valeurs du rugby. Je ne suis pas sûr qu'il y ait la place pour deux clubs à Paris, en région parisienne probablement. Le reste va se jouer sur le terrain.