"Revivre", une exposition à la rencontre d'espèces qui ont toutes "disparu du fait de l'homme"

MNHN exposition Revivre
La durée de l'expérience est de 15 minutes et s'organise par groupes de cinq personnes maximum. © Capture d'écran YouTube MNHN
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Pauline Rouquette
L'exposition "Revivre", au Muséum national d'histoire naturelle, propose aux visiteurs de rencontrer des espèces disparues grâce à la réalité augmentée. Un projet présenté vendredi sur Europe 1 par Bruno David, le président du Muséum, qui sensibilise et alerte sur les dangers de la disparition de la biodiversité.
INTERVIEW

À l'occasion de l'exposition "Revivre", qui redonne vie virtuellement à des espèces disparues, Bruno David, président du Muséum national d'histoire naturelle et auteur du livre À l'aube de la 6e extinction (Grasset) était l'invité d'Europe 1, vendredi. Grâce à la technologie et à des lunettes de réalité augmentée, le Muséum redonne vie à onze espèces disparues. L'occasion de rêver, mais aussi de prendre conscience du danger qui guette : celui d'une extinction de masse, dont l'homme pourrait à terme être la principale victime s'il n'agit pas rapidement pour préserver la planète et sa biodiversité.

Toutes ces espèces ont disparu du fait de l'homme

Quagga, grand tigre à dents de sabre, dodo... Les animaux présentés "correspondent beaucoup à des espèces éteintes ou en danger d'extinction", explique Bruno David. "Il y en a une que j'aime beaucoup, c'est la tourte voyageuse, une espèce de pigeon. Il y en avait plusieurs milliards d'individus en Amérique du Nord au 19e siècle et on a réussi à tous les tuer", poursuit le président du Muséum national d'histoire naturelle.

Le point commun entre toutes ces espèces ? Elles ont disparu du fait de l'homme, pointe Bruno David, évoquant la chasse, la surpêche et la surexploitation des ressources. Des phénomènes très actuels qui font planer la menace d'une sixième grande extinction, avec la disparition d'espèces communes d'oiseaux ou d'insectes. "Je m'inquiète beaucoup pour ce qui fait le socle du fonctionnement des écosystèmes et de la biodiversité sur Terre" affirme-t-il.

Et si la disparition de certaines espèces correspond à un processus cyclique, tout comme les flux d'apparition, Bruno David ajoute néanmoins que "l'on est en train de provoquer des extinctions et des déclins d'espèces à une vitesse qui est beaucoup plus rapide que leur renouvellement possible". Ce qui signifie que l'on fait disparaître des espèces en quelques siècles ou dizaines d'années, alors que l'émergence d'une nouvelle espèce dans une dynamique évolutive prend environ 10.000 ou 100.000 ans. "On voit qu'il y a un différentiel de vitesse qui fait qu'on fait éteindre plus vite qu'on fait apparaître."

"La vie va continuer d'exister sur Terre, que l'homme soit présent ou non"

Dans À l'aube de la 6e extinction (Grasset), Bruno David alerte sur une nouvelle grande extinction de masse. S'il y en a déjà eu cinq auparavant, la sixième s'en distingue car c'est la première fois qu'une espèce - l'humain - est à l'origine d'une extinction de masse possible qui représente avant tout une menace pour elle-même. En effet, si la nature s'auto-régule lorsqu'un prédateur prend trop de place, l'homme pourrait très vite en pâtir. "La nature fonctionne toujours comme un jeu d'équilibre et d'interactions", dit-il. "À partir du moment où une espèce domine trop, elle se montre comme étant la cible potentielle des pathogènes, et c'est un petit peu ce qui nous arrive en ce moment", poursuit Bruno David, évoquant la pandémie de Covid-19.

D'ailleurs, celui-ci se dit bien plus inquiet pour l'humanité que pour la planète. "La vie va continuer d'exister sur Terre, que l'homme soit présent ou non", dit-il. En dépit des technologies que l'on développe, de la pharmacopée dont on dispose, "nous sommes une espèce relativement fragile. On a l'impression d'être très protégé, mais on voit quand même ce qu'un virus arrive à faire", poursuit-il, estimant que cela devrait nous amener à réfléchir davantage. "Notre complexité nous rend fragiles et il faut que l'on fasse attention : on pourrait faire partie des espèces qui disparaissent lors de la prochaine extinction."