Certaines personnes peuvent faire beaucoup de cauchemars liés au coronavirus. 6:13
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Catherine Blanc
Notre auditrice Noémie fait énormément de cauchemars liés au coronavirus depuis deux semaines. La psychanalyste Catherine Blanc lui a donné quelques conseils pour tenter de dormir de manière plus apaisée : "On peut se mettre en état de zénitude avant de se coucher, se faire des propositions de jolies pensées."

La pandémie de coronavirus peut provoquer angoisse et anxiété, jusqu'à influencer nos rêves. C’est le cas de Noémie, qui depuis deux semaines fait énormément de cauchemars liés au virus, au point de l’épuiser physiquement à son réveil. La sexologue et psychanalyste Catherine Blanc a expliqué le fonctionnement des rêves et tenté de livrer ses conseils à notre auditrice, jeudi, dans l’émission Sans rendez-vous sur Europe 1.

La question de Noémie

Depuis deux semaines, je fais beaucoup de cauchemars liés au coronavirus, alors que le jour je gère bien le stress. Comment puis-je faire pour y remédier ?

La réponse de Catherine Blanc

"C’est toute la fonction du rêve et du cauchemar. Ce que nous vivons au quotidien génère automatiquement des tas de questionnements personnels, en interaction avec les autres et la survie, ses capacités et incapacités, son sentiment de puissance et d’impuissance. Tout cela crée des conflits internes et des angoisses que notre inconscient essaie de gérer. La nuit est le moment pour gérer toutes ces ambivalences et cette anxiété que notre quotidien produit.

En temps de guerre, il y avait une époque où on essayait de faire en sorte que les militaires ne dorment pas pour ne pas être surpris. En ayant un sommeil réduit, ils n’avaient pas la possibilité de dormir et donc de gérer tout ce que générait la guerre, comme la peur de mourir ou la culpabilité de tuer. Notre inconscient a besoin de faire une auto-analyse dans la nuit, et nos rêves et nos cauchemars sont là pour cela."

Nos cauchemars tournent-ils toujours autour de notre quotidien, ou est-ce lié à cette période particulière de stress généralisé ?

"Nos cauchemars se nourrissent de notre quotidien pour raconter des choses qui vont bien au-delà de ce qui se joue dans notre quotidien. Le sujet de préoccupation majeure pour Mélanie Gomez (la présentatrice de Sans rendez-vous) et le docteur Jimmy Mohamed (notre chroniqueur), par exemple, est le coronavirus, parce qu'ils ont un rôle à jouer en nourrissant l’information pour l’un et en soignant des patients pour l’autre. Ils sont donc interrogés par eux-mêmes sur leurs compétences, pour savoir dans quelle mesure ils peuvent y arriver. Ce sujet est leur principale préoccupation.

Mais plus largement, on pourrait se dire que cela interroge notre question existentielle de compétence, qui est mise à l’épreuve dans un temps de grande pression. C’est par exemple la peur de jouer quand on est comédien, la peur de porter son personnage jusqu’au bout de la pièce ou du film."

Est-ce normal que le rêve de notre auditrice l’épuise énormément ?

"Oui, l’activité cérébrale est une activité importante. C’est dans le temps du sommeil paradoxal que nous rêvons, donc c’est un temps où nous sommes entre sommeil et veille. Tout notre corps souffre de la situation : le rythme cardiaque, la respiration… Ce que nous cherchons nuit après nuit, c’est à résoudre notre équation. Le problème c’est que nuit après nuit il n’y a pas de solution, le lendemain est toujours le même avec la même difficulté. L’apaisement n’étant pas trouvé, il y a un épuisement physique et psychologique."

Peut-on essayer de contrôler ses cauchemars, ou essayer de rêver d’autre chose ?

"Les gens qui ont la connaissance de leur rêve peuvent déjà les interpréter, ils racontent à chaque fois un épisode nouveau qui mène à une issue. Donc pouvoir décoder les choses permet de s’apaiser. Sinon on peut se mettre en état de zénitude avant de se coucher, se faire des propositions de jolies pensées en espérant les garder tout au long de la nuit."