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Yasmina Kattou, édité par Juline Garnier / Crédits photo : PIXABAY
Parmi les plus de neuf millions de Français "aidants" qui accompagnent un proche dépendant - malade ou en situation de handicap - jusqu'à un million sont des jeunes de moins de 25 ans. C'était le cas de Léa, qui témoigne au micro d'Europe 1. Aujourd'hui âgée de 28 ans, la jeune femme décrit une vie rythmée par celle d'un autre, son frère, touché par un trouble neurologique.
TÉMOIGNAGE

Une vie entre parenthèses, du jour au lendemain, sans loisir et avec un quotidien millimétré, entièrement dédié à un parent malade, handicapé ou dépendant. C'est le cas de plus de neuf millions de Français "aidants", pour qui ce vendredi est une journée nationale. Parmi eux, ils sont entre 700.000 et un million de jeunes aidants. Selon une étude de la Macif, et du Crédoc, 39% de ces jeunes n'ont même pas conscience qu'ils sont aidants. Un jeune sur dix entre 16 et 25 ans se dit éprouvé par l'accompagnement d'un proche malade ou en situation de handicap. 

"Je ne peux pas juste penser pour moi"

Ce sont ceux qui s'oublient par amour. Comme Léa Herschfeld, aujourd'hui 28 ans, qui s'est toujours occupée de son frère, âgé de 31 ans, touché par un trouble neurologique. Plus jeune, elle jouait la traductrice pour son frère. Au micro d'Europe 1, elle témoigne désormais de la difficulté d'organiser sa vie pour le prendre en charge. "Tout ce qu'il doit faire au quotidien doit être balisé, ou préparé, ou pensé par ses proches. Il ne sort pas seul, si l'on n'a rien mis dans le frigo, il ne mange pas. Donc c'est plutôt des choses que je dois anticiper sur ma vie et sur comment est-ce que je vais faire pour que ça me pèse pas trop psychologiquement, financièrement", détaille la jeune femme.

Le trouble neurologique de son frère est très handicapant : il affecte son langage, sa capacité à raisonner, à se préparer quotidiennement. De fait, il est dans l'incapacité d'être autonome et donc de vivre seul. "Il y a une pression financière qui est énorme. Moi, je vis à Paris par exemple, donc avoir un appartement assez grand pour qu'il y ait de la place pour tout le monde, ça implique d'avoir un conjoint qui - déjà - accepte cette idée", poursuit-elle. "Et je ne peux pas juste penser pour moi et pour mon couple, je suis déjà deux en fait."

Face au poids de la responsabilité qu'elle porte depuis enfant, Léa s'est résignée. "Je pense que je ne pourrais plus jamais être légère. Il y a quand même quelque chose de grave, au fond, parce que ce sont des temps longs. C'est toute la vie quoi. C'est ça qui est le plus pesant", conclut-elle. Pour permettre à ces millions d'aidants de souffler, Aurore Bergé, ministre des Solidarités et des Familles a dévoilé ce vendredi un nouveau plan : 6.000 places supplémentaires par an dites "de répit", prévues pour un accueil de 15 jours, vont être ouvertes. Un guichet unique pour faciliter les démarches va également voir le jour.