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J.R. , modifié à
Le spécialiste du monde musulman, auteur du livre "La fracture", analyse les causes permettant à l’idéologie djihadiste de séduire des jeunes Français. 
INTERVIEW

Gilles Kepel s’en prend aux intellectuels qu’il accuse de "minimiser le péril djihadiste". Dans son dernier ouvrage, La Fracture, le spécialiste du monde musulman a notamment dénoncé l'utilisation de l'argument de l'islamophobie pour empêcher toute critique.

Une analyse contestée par un internaute d’Europe 1, qui a reproché à l’intellectuel de ne pas s’intéresser aux problèmes économiques et sociaux, notamment le chômage. "Oui, il faut s’intéresser aux causes. Il faut essayer de comprendre pourquoi cette idéologie, le djihadisme, accroche, par quel relais ça passe", a répondu Gilles Kepel, lundi soir au micro du Club de la presse d'Europe 1.

"Un terreau important auquel on ne s’est pas adressé." Le professeur à Sciences-Po a alors analysé les causes permettant à l’idéologie djihadiste de séduire des jeunes Français. "40% des jeunes dans les quartiers populaires sont au chômage, les savoirs appris à l’école ne leur servent à rien pour affronter la société post-industrielle et numérique", assure le spécialiste du monde musulman.

"Ces jeunes n’arrivent pas à se projeter dans la société française, du coup les valeurs qui viennent avec ces savoirs sont jetées comme le bébé avec l’eau du bain. Ce n’est parce qu’on est au chômage qu’on devient djihadiste. Mais on a là un terreau extrêmement important auquel on ne s’est pas adressé", conclut Gilles Kepel.