Jean-Michel Fauvergue 4:40
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Pauline Rouquette , modifié à
À la veille de la présentation d'un projet de loi sur la prévention et la lutte contre le terrorisme, Jean-Michel Fauvergue, ancien patron du Raid et député LREM, était l'invité d'Europe 1, mardi. Celui-ci a réagi aux propos d'élus de droite qui exigent qu'un parallèle soit tracé entre terrorisme et immigration, après l'attentat contre une policière de Rambouillet.
INTERVIEW

"Tous les terroristes ne sont pas étrangers, et tous les étrangers ne sont pas terroristes", lance Jean-Michel Fauvergue. Invité d'Europe 1, mardi soir, l'ancien patron du Raid et député LREM a répondu à la polémique alimentée par de nombreux élus de droite et d'extrême droite, qui reprochent à la majorité d'esquiver le lien entre immigration et terrorisme après l'attentat contre une policière de Rambouillet. L'auteur des faits, un Tunisien âgé de 36 ans, était arrivé en France en 2009 en situation irrégulière, et aurait obtenu un titre de séjour grâce à un emploi de chauffeur-livreur, valable jusqu'à la fin de l'année 2021.

"C'est une bêtise"

"En tant que chef du Raid, je suis intervenu sur des attentats majeurs, et tous les gens sur lesquels je suis intervenu étaient des Français", poursuit le député, estimant qu'"en réduisant ce problème au problème de l’immigration, on passe à côté de l’analyse importante que l'on doit faire sur le fait du terrorisme. Et on ment aux Français."

"Si demain, quelqu'un s'engage en disant 'moi, je vais expulser tous les étrangers de France, comme ça il n'y aura plus d'attentats terroristes, il est évident que c'est une bêtise", poursuit l'ancien patron du Raid. "Il faut qu’on travaille sur les phénomènes de terrorisme sous toutes leurs largeurs, leurs structures, sur l’ensemble du prisme. Travailler sur les étrangers qui sont terroristes, mais travailler aussi sur les 70% de terroristes qui sont Français."

"Surveiller de manière plus technique"

Pour travailler sur le repérage de ces terroristes, le projet de loi qui sera présenté mercredi en Conseil des ministres envisage de pérenniser certaines techniques de renseignement dont le recours aux algorithmes, jusqu'ici utilisés de manière expérimentale. "On est passé à un terrorisme endogène, qui se fait de manière individuelle, rapide, et qui, pour autant, est meurtrier", justifie Jean-Michel Fauvergue, quelques jours après l'attentat meurtrier contre une policière à Rambouillet. L'idée d'avoir recours à ces algorithmes est, dit-il, "de pouvoir surveiller des personnes de manière plus technique, humaine, et faire des interpellations ou mettre en place les visites domiciliaires administratives."

Selon Jean-Michel Fauvergue, "à partir du moment où vous intégrez de l'intelligence artificielle, vous avez plus de facilités qu'en travaillant uniquement avec du travail humain. On est au 21e siècle, et [dans le cas de l'attentat de Rambouillet], sans doute que ça aurait servi à quelque chose."