Une 1ère sanction dans l'affaire Laëtitia

Les manquements dans la gestion du cas Tony Meilhon, meurtrier présumé de Laëtitia, ont coûté son poste au directeur pénitentiaire de Rennes.
Les manquements dans la gestion du cas Tony Meilhon, meurtrier présumé de Laëtitia, ont coûté son poste au directeur pénitentiaire de Rennes. © REUTERS
  • Copié
avec Guillaume Biet , modifié à
Le directeur interrégional des services pénitentiaires de Rennes va être limogé sous peu.

La première sanction est tombée dans l'affaire Laëtitia. Le directeur interrégional des services pénitentiaires, le patron des prisons dans le Grand Ouest, va en effet être limogé dans les prochains jours. Michel Mercier "constate qu'il n'est plus en mesure d'exercer son autorité dans des conditions compatibles avec l'intérêt du service", précise le ministère de la Justice dans un communiqué. La Chancellerie "prévoit donc de mettre fin à ses fonctions après que l'intéressé, comme l'exige le droit, aura été mis en mesure de présenter ses éventuelles observations", ajoute le texte. Il ne s'agit pas d'une procédure disciplinaire, et le fonctionnaire en question ne perdra pas son emploi mais sera déplacé dans un autre corps.

L'enquête sur le suivi du meurtrier présumé de Laëtitia Perrais, Tony Meilhon, avait révélé des problèmes de "liaison" entre milieu fermé et milieu ouvert, "une mauvaise utilisation des moyens informatiques", "des choix inadaptés sur l'affectation des moyens", des "charges de travail lourdes"... Avant même la remise de ce rapport, Nicolas Sarkozy avait promis des sanctions pour les éventuels responsables, provoquant la colère des magistrats.

"Ubuesque"

Le SNDP, le syndicat des directeurs pénitentiaires, ne cache pas sa colère. "Ce bouc émissaire-là ne résout en rien les difficultés de la justice. Nous tenons à vous informer que nous sommes particulièrement inquiets de constater que nous avons sur Nantes une maison d’arrêt qui est déjà surpeuplée et qu’on nous annonce 1.600 mesures de peines d’incarcération de moins de deux ans dans les malles du tribunal de grande instance de Nantes qui seraient en train d’être mises à exécution. Voilà dans quelle situation nous allons nous retrouver maintenant que, sans doute, les politiques ont l’impression d’avoir réglé le problème en coupant une tête", s'est insurgé Boris Targe, le secrétaire général de ce syndicat, au micro d'Europe 1.

Même colère du côté du Syndicat de la magistrature (SM, classé à gauche) qui voit comme "ubuesque" cette mesure. "On désigne un coupable parce qu'il faut offrir une tête au président de la République, alors même qu'il n'est mentionné aucune faute véritable", a déclaré Matthieu Bonduelle, secrétaire général du SM.

Et maintenant ?

Les syndicats contestent toute faute en soulignant que seuls trois juges d'application des peines aidés de cinq greffiers et 17 agents de probation suivaient en 2010 3.443 détenus du département de Loire-Atlantique libérés et astreints à divers suivis comme Tony Meilhon, soit 1.148 personnes par juge. Ils devaient aussi suivre 597 autres personnes condamnées à des peines inférieures à deux ans de prison ferme et qui, conformément à une loi adoptée par le gouvernement actuel, ne sont pas incarcérées mais bénéficient d'un aménagement de peine.

Le sort personnel du directeur sanctionné n'est pas encore clair. Il pourrait être réaffecté au final dans un autre service.