Situation tendue à la Fonderie du Poitou

Ségolène Royal est venue soutenir, en septembre dernier, les salariés de la Fonderie du Poitou Aluminium à Ingrandes sur Vienne.
Ségolène Royal est venue soutenir, en septembre dernier, les salariés de la Fonderie du Poitou Aluminium à Ingrandes sur Vienne. © MaxPPP
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et François Coulon , modifié à
Les salariés grévistes ont découvert que leurs fours avaient été vidés pendant le week-end.

Drôle de surprise pour les salariés de la Fonderie du Poitou Aluminium (FDPA) du groupe Montupet à Ingrandes, dans la Vienne. L'usine a décidé lundi de stopper toute activité alors qu'un bras de fer est engagé entre la direction et les salariés contre un projet de baisse des salaires.

La Fonderie a visiblement profité de l'absence des grévistes le week-end pour vider les fours de l'aluminium en fusion qu'ils contenaient. "Ils pensaient qu'on allait les casser", a expliqué au nom de l'intersyndicale Patrice Villeret, représentant CGT. "Ça veut dire que la direction ne sait plus quoi faire pour essayer d'arrêter la grève", a poursuivi Patrice Villeret, interrogé par Europe 1.

Cette mesure de la Fonderie du Poitou fait suite à une réunion de médiation sous l'égide du préfet de la Vienne, qui s'est conclue sans accord vendredi. Les salariés avaient alors annoncé leur intention de bloquer la fonderie dès lundi à 5h00 du matin.

Faire pression sur Renault

Surpris par initiative de l'usine, les salariés, qui entament leur quatrième semaine de grève, ont décidé à leur tour de bloquer les accès à la fonderie en érigeant des barrages routiers ferroviaires avec un stock de culasses automobiles. L'usine était totalement à l'arrêt lundi et les salariés non grévistes, les cadres, les techniciens ou encore les intérimaires se sont vus refuser l'accès au site.

Le barrage a été levé vers 16h00 mais devait reprendre pour environ deux heures vers 21h00, puis mardi à 6h45, a annoncé l'intersyndicale du groupe.

Afin de faire pression sur le groupe Renault, qui est client à hauteur de 80% de la FDPA, les salariés bloquent également la Fonderie du Poitou-fonte, voisine de leur site et qui n'était jusqu'ici pas touchée par le conflit.

Une baisse de salaire de 15%

Une grande partie des 480 salariés de l'usine exigent le retrait du plan de compétitivité qui prévoit des baisses de salaire de 15 % pour les cadres et de 23 % pour les ouvriers. "Ça signifie une baisse de 350-400 euros sur nos salaires bruts. Je pense que c'est la première fois en France qu'un patron impose de telles baisses", s'est insurgé Patrice Villeret.

Le groupe Montupet, qui a racheté l'usine en 2009 à un fonds d'investissement allemand, assure de son côté vouloir aligner les salaires sur ceux de ses autres usines françaises situées dans l'Indre et dans l'Oise. La Fonderie du Poitou Aluminium travaille pour l'équipement automobile.

"Nous demandons le retrait pur et simple du plan de compétitivité et une garantie du maintien d'un plan de charge suffisant pour faire tourner l'usine", a précisé Patrice Villeret au nom de l'intersyndicale CGT/CFE-CGC/FO/UDT.

Le dossier a pris récemment une tournure politique. Le conseil régional de Poitou-Charentes que préside Ségolène Royal, a voté récemment à l'unanimité une motion demandant l'intervention de l'Etat, rappelle Le Monde.fr. Le sénateur Jean-Pierre Raffarin, qui estime ce dossier "caractéristique d'un dialogue social bâclé", a saisi en septembre le premier ministre François Fillon.