Pressings : vers un abandon du "perchlo"

Le remplacement du perchloroéthylène dans les pressings pourraient faire monter les prix des prestations.
Le remplacement du perchloroéthylène dans les pressings pourraient faire monter les prix des prestations. © MAXPPP
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- Le président de la FFPB a proposé un "échéancier" de sortie du dangereux solvant.

L'abandon du perchloroéthylène dans les pressings est en bonne voie. Pierre Letourneur, le président de la fédération française des pressings et blanchisserie  (FFPB), a annoncé "avoir proposé un échéancier au ministère de l'Environnement pour sortir du perchlo". Il a "bien compris que la profession doit muter", comme il l'a expliqué à Europe1.fr.

Le président de la FFPB réagissait mercredi au souhait émis par le Conseil de Paris. Ce dernier a voté à l'unanimité lundi son "voeu" de voir l'utilisation du "perchlo" abandonnée au profit de "technologies alternatives". Une telle décision à Paris, ville aux 500 pressings, aurait logiquement des conséquences nationales.

Le perchloroéthylène, un solvant tueur

Jugé depuis quelques années "cancérogène probable" et responsable de la mort d'une retraitée à Nice en 2009, le perchloroéthylène est dans le viseur des autorités depuis au moins 2009. Ce solvant dangereux mais redoutablement efficace est malgré tout utilisé dans 90% des pressings français en raison de son rapport qualité-prix-rapidité dans les nettoyages à sec.

"Le but de notre démarche n'est pas d'attaquer la profession, mais bien de voir comment l'on peut concilier la protection sanitaire des salariés et des riverains avec la qualité du nettoyage", explique Denis Baupin, adjoint au maire de Paris, chargé du développement durable, de l'environnement et du plan climat, interrogé par Europe1.fr. Les deux hommes vont se rencontrer durant la première quinzaine d'avril pour ""trouver des réponses ensemble", selon nos informations.

Un échéancier proposé par la FFPB

Concrètement, le président de la FFPB propose "d'interdire progressivement à partir du 1er janvier 2014 toutes les machines à perchloroéthylène de plus de 15 ans". Le président de la FFPB conditionne ce changement de cap.

D'une part, il réclame des "aides à l'investissement" conséquentes de la part du ministère de l'Environnement. "Celui qui a acheté sa machine à perchloroéthylène il y a deux ou trois ans ne supportera pas l'achat d'une nouvelle machine", détaille-t-il. Evaluée autour de 35.000 euros, elle représente un investissement lourd pour des "artisans qui font autour de 100.000 euros de chiffre d'affaires annuel", calcule-t-il.

D'autre par, Pierre Letourneur demande que soit faites des études de toxicité sur les "techniques alternatives". Elles sont selon lui inexistantes à ce jour et elles doivent être menées pour s'assurer de la bonne voie suivie. "Leurs revendications sont légitimes", reconnaît Denis Baupin. Mais l'écologiste s'en remet toutefois aux administrations compétentes pour "trouver un accord gagnant-gagnant".

Hausse des prix attendue

Ensuite, le passage à une nouvelle ère des pressings sera acté, anticipe-t-il. "Il n'y aura plus une seule solution idéale qui s'impose, mais quatre : trois solvants et l'aquanettoyage", précise-t-il. Ces nouvelles solutions ne seront pas sans conséquence pour les clients, qui devront faire avec une "hausse inévitable" des prix, dû à un temps plus long passé sur le vêtement et une plus grande utilisation de l'eau et l'électricité, selon Pierre Letourneur.

"A un moment, l'arbitrage doit se faire au profit de la santé et non des prix", estime Denis Baupin, qui rappelle l'exemple du bisphénol A pour appuyer son propos : "aurait-il fallu continuer à l'autoriser, même s'il est reconnu qu'il est nocif pour la santé, sous prétexte qu'il est moins cher ? C'est tout l'enjeu du "perchlo" pour les pressings.