Perret et Léautaud, une véritable amitié ?

Pierre Perret se retrouve devant la justice mardi et mercredi contre Le Nouvel Observateur.
Pierre Perret se retrouve devant la justice mardi et mercredi contre Le Nouvel Observateur. © MAXPPP
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Marion Sauveur avec AFP
Accusé de mensonges, le chanteur a assigné en justice Le Nouvel Observateur. Le procès débute mardi.

Les relations entre Pierre Perret et Paul Léautaud vont être passées au crible devant le tribunal correctionnel de Paris à partir de mardi. Le chanteur de "Lily", accusé par Le Nouvel Observateur d’avoir littéralement inventé ses rencontres avec l’écrivain misanthrope, a porté l’affaire devant la justice. Il a porté plainte pour "injures publiques et diffamation", dénonçant "une entreprise de démolition" après la sortie de son livre A cappella.

"Il n’a jamais rencontré Léautaud"

En janvier 2009, la journaliste Sophie Delassein a assuré, dans l’hebdomadaire, que - contrairement à ce que Pierre Perret affirme depuis des décennies - il "n'a jamais rencontré Léautaud". Selon elle, l’auteur de chansons paillardes "aurait inventé cette histoire pour briller aux yeux d'un Brassens qu'il démolit aujourd'hui".

Pierre Pierret a toujours affirmé avoir rencontré Léautaud à plusieurs reprises dans les années 50, et notamment dans ses ouvrages, dont Adieu, monsieur Léautaud (1972), qualifié d'"imposture" par Sophie Delassein. La raison ? Il s’agit, selon ses dires, d’"un livre censé retranscrire ses conversations avec le célèbre misanthrope".

Des erreurs de dates

Dans son article, Sophie Delassein a relevé des incohérences de dates dans les différentes versions livrées par Pierre Perret. Le chansonnier est ainsi accusé d’avoir avancé dans un premier temps qu’"il a juste eu ‘la chance d'échanger’ avec Paul Léautaud de 1953 à 1955" "ou de 1954 à 1956, ça dépend...", notait la journaliste avant d’ajouter : "et puis non, il ne l'a rencontré qu'à la fin août 1954, et jusqu'à six mois avant sa mort".

Des incohérences de dates sont également pointées du doigt par Le Figaro, quelques mois après la polémique lancée par Le Nouvel Observateur. Le journal s’intéresse au service militaire du chanteur, qui devrait être selon Mohammed Aïssaoui qui a écrit l’article "un date qu’on n’oublie pas". Et pourtant, rapporte le quotidien, Pierre Perret semble s’emmêler les pinceaux. Parfois il fait état de septembre 1954, parle aussi de janvier 1955 et dans son dernier livre explique même qu’il n’a pas fait ses classes. Mais, selon les informations du Figaro, "le jeune Pierre Perret a été engagé volontaire le 18 novembre 1953" et "il a rejoint la vie civile le 29 avril 1956".

Outre ces erreurs de dates, il y a d’autres éléments qui font douter des propos de Pierre Perret : les proches de l’écrivain n’ont jamais vu les deux hommes ensemble. Et notamment Marie Dormoy, testamentaire et légataire universelle de Paul Léautaud, qui a affirmé au Nouvel Observateur que "depuis l'année 1933 jusqu'à celle de sa mort, j'ai été en relations presque continuelles avec Paul Léautaud. Jamais je n'ai rencontré chez lui Pierre Perret".

La défense de Pierre Perret

Malgré ces accusations, Pierre Perret affirme encore et encore avoir rencontré à plusieurs reprises Paul Léautaud. Mardi, il en apportera la "preuve" devant la justice, comme il l’a qualifié à L’Express au début du mois. L’auteur de La cage aux oiseaux a présenté à l’hebdomadaire sa "pièce à conviction" : un exemplaire des Entretiens avec Robert Mallet, de Paul Léautaud, parus chez Gallimard, en 1951, et dédicacé des mains de l’écrivain.

On peut y lire : "A Pierre Perret, avec des années de retard et mes cordialités. P. Léautaud. Le jeudi 26 août 1954". Et, Pierre Perret a confié au magazine que l’écrivain aurait signé "chez lui, à la plume d'oie", avant de "corriger, à la main, une phrase fautive, à la page 351".

Le Nouvel Observateur, qui maintient ses accusations de mensonges à l'encontre de Pierre Perret, a promis plusieurs témoins surprise. Une promesse à laquelle le chanteur de Lily s’est dit "curieux de voir qui ils seront".