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A.D
D'après le politologue Pascal Perrineau, la participation, même marginale, des électeurs de gauche à la primaire de la droite et du centre peut avoir un impact décisif.
INTERVIEW

Les sept candidats de la primaire de la droite et du centre, qui se déroulera les 20 et 27 novembre, sont connus : Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Fillon, Bruno Le Maire, Nathalie Kosciusko-Morizet, Jean-François Copé et Jean-Frédéric Poisson. Cette primaire est ouverte à tous, électeurs de gauche compris. Ceux-ci peuvent-ils influer sur cette primaire en allant voter par calcul, envie ou curiosité ? Le politologue Pascal Perrineau s'est penché sur la question dans l'émission C'est arrivé demain.

Très minoritaires mais peut-être décisifs. D'après les diverses enquêtes publiées jusqu'alors, la participation des électeurs de gauche à la primaire de la droite et du centre "reste marginale", annonce Pascal Perrineau. "Mais, si les différents candidats de cette primaire sont dans un mouchoir de poche, le poids des électeurs de gauche, même s'il n'est pas quantitativement important, peut être décisif d'un point de vue stratégique, pour savoir en particulier quel est celui qui fera la course en tête."

Et d'après les résultats des enquêtes réalisées, les électeurs de gauche plébisciteraient davantage Alain Juppé que l'actuel patron des Républicains, Nicolas Sarkozy, ou que les autres challengers, François Fillon et Bruno Le Maire. "Il y aurait le souci de leur part de faire en sorte que le prochain président de droite soit un homme qui soit porteur d'attitude d'ouverture, éventuellement à leur égard".

Juppé en tête face à Sarkozy. Dans cette course-poursuite Sarkozy-Juppé, "Alain Juppé fait de très bons scores parmi les sympathisants des formations du centre (UDI, Modem) mais en revanche Nicolas Sarkozy est en pôle position parmi les Républicains." Si le leader du parti de droite a fait un certain retour dans les sondages, "il n'est pour l'instant pas encore capable de s'imposer de manière large vis-à-vis d'Alain Juppé dans le cadre d'un premier tour et de l'emporter dans un second tour." Reste que les lignes peuvent bouger avec la campagne et "si Sarkozy est la candidat de la droite, un anti-sarkozysme se réveillera dans la campagne et fera bouger les rapports de force."

"Une candidature Le Pen qui s'est imposée". S'ajoute à cette analyse l'idée de plus en plus répandue "que l'on va peut-être choisir le président de la République dans la primaire de la droite et du centre parce qu'il y a une probabilité élevée qu'il n'y ait pas de candidat de gauche au second tour. Et à ce moment-là, on va aller choisir parmi les candidats de la droite et du centre celui qui nous importune le moins."

Une fois de plus en se positionnant grâce aux enquêtes, le politologue précise : "depuis janvier dernier, on a l'impression d'une candidature Le Pen qui s'est imposée dans la perspective du second tour et qui est même, au niveau du premier tour, légèrement à la hausse : elle était partie plutôt des 25% d'intentions de vote, aujourd'hui, elle semble tourner autour des 30%. Avec un tel niveau, cela va être difficile de la bouger de la position du second tour."

la probable candidature Macron, une "très mauvaise nouvelle pour Hollande". A gauche, François Hollande, "en dépit de ses efforts de l'été pour se repositionner; a d'énormes difficultés. Cela ne prend pas dans l'opinion et on voit bien que la candidature Macron qui se profile est pour lui une très mauvaise nouvelle."

L'éventuelle candidature Macron n'est "pas fracassante, mais gênante, insiste Pascal Perrineau, parce que la gauche est fracturée. Il y a une gauche de la gauche et une gauche modérée, qui elle-même se divise. La candidature Macron est une candidature de division pour un camp qui avait déjà le dos au mur."