Présidentielle française : en Italie, "beaucoup craignent la fin de l’Union Européenne"

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Pour le correspondant italien Stefano Montefiori, interrogé par Europe 1, l'euroscepticisme de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon rappelle celui de Beppe Grillo.

À six jours du premier tour de l’élection présidentielle, Europe 1 décrypte la campagne à travers le prisme de la presse italienne. Pour le voisin transalpin, l’élection française est d’abord devenue un référendum pour ou contre l’Europe, comme le souligne Stefano Montefiori, correspondant à Paris du journal italien Corriere della Sera.

Pour vous, le véritable enjeu de cette campagne, c’est l’avenir de l’Europe ?

"La plupart des candidats se positionnent sur ce thème-là, fortement. Surtout Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Mais Jean-Luc Mélenchon a aussi eu des propos très forts sur l’Europe actuelle, demandant une renégociation des traités."

Les Italiens sont-ils inquiets de voir la France s’éloigner de l’Europe ?

"Evidemment ! On comprend que ça serait la fin de l’Europe actuelle. Il y a ceux qui pensent que ça serait bien. En Italie, le parti eurosceptique gagne des positions. Mais il y a beaucoup de monde qui craignent une situation d’instabilité et la fin de l’Union européenne".

En Italie, Beppe Grillo, à la tête du Mouvement 5 étoiles, est devenu le visage de l’euroscepticisme. Trouve-t-il un équivalent en France ?

"Il n’y a pas d’équivalent immédiat avec d’autres candidats. Ce serait plutôt un croisement un peu inédit entre Marine Le Pen et Jean Luc Mélenchon. Je sais très bien qu’eux même ne sont pas contents de ce rapprochement, que ça caricature, mais, en même temps, le Mouvement 5 étoiles apparaît comme un mélange entre la droite et la gauche de la politique italienne, contre l’Europe actuelle. Beppe Grillo propose des référendums et un recourt un peu plus appuyé à la démocratie directe, un peu comme le fait Marine Le Pen".

Le nombre important d’indécis renforce également le suspense autour de cette élection, mais aussi l'intérêt des Italiens ?

"À chaque élection, dans le monde, on dit que ce sont les indécis qui vont faire plier la situation. En France, je crois que c’est peut être lié au fait que les deux camps traditionnel de la droite et de la gauche se sont un peu effacés, ne gèrent plus la situation. Il y a quatre candidats qui pourraient gagner. Je pense que les gens vont attendre jusqu’au dernier moment pour voir ce que sera le vote utile. Il est de plus en plus difficile à définir. On a vu, il y a quelques jours, qu’à gauche le vote utile pourrait être Mélenchon plutôt que Benoît Hamon, c’est inédit !"