"Pour une renaissance européenne" : ce qu'il faut retenir de la tribune d'Emmanuel Macron

Dans cette tribune, Emmanuel Macron s'adresse aux citoyens des 28 pays membres.
Dans cette tribune, Emmanuel Macron s'adresse aux citoyens des 28 pays membres. © LUDOVIC MARIN / AFP
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avec AFP , modifié à
Le président de la République s'adresse aux citoyens européens dans une tribune diffusée lundi soir, où il décline une série de propositions, à quelques semaines des élections européennes. 

À un peu moins de trois mois des élections européennes, Emmanuel Macron passe à l'offensive. Dans une tribune adressée aux citoyens européens et diffusée lundi soir dans les 28 pays membres, le président de la République décline une série de propositions pour l'Union européenne, et appelle à une "renaissance européenne". 

Créer une police des frontières commune

Le chef de l'État propose de "remettre à plat l'espace Schengen" afin de rétablir "la liberté en sécurité". Et préconise "une police des frontières communes et un office européen de l'asile, des obligations strictes de contrôle, une solidarité européenne à laquelle chaque pays contribue, sous l'autorité d'un Conseil européen de sécurité intérieure". "Aucune communauté ne crée de sentiment d'appartenance si elle n'a pas des limites qu'elle protège", plaide-t-il encore. 

L'espace Schengen est une zone de libre circulation, où les contrôles aux frontières sont abolis en temps normal. Elle est actuellement composée de 26 pays, dont 22 membres de l'UE. La France a rétabli les contrôles aux frontières au soir des attentats du 13 novembre 2015. Ils ont été systématiquement renouvelés depuis, tous les six mois, au motif de la menace terroriste. Il ne s'agit pas de contrôles systématiques mais d'une possibilité de procéder à des vérifications d'identité aux frontières, par dérogation aux règles de la libre circulation. Les frontières terrestres, avec la Belgique, le Luxembourg, l'Allemagne, la Suisse, l'Italie et l'Espagne, sont concernées, ainsi que les frontières aériennes et maritimes.

Pour une Banque du climat

Abordant la question de l'environnement, et appelant l'Europe à prendre "la tête du combat écologique", Emmanuel Macron propose la création d'une "Banque européenne du climat", qui financerait la transition écologique. Il évoque également l'idée d'une force sanitaire européenne pour "renforcer les contrôles" des aliments. 

Alors que la question du glyphosate continue de diviser, et que plusieurs agences sanitaires ont été soupçonnées de reprendre avec trop de complaisance les arguments de Monsanto, le chef de l'État, qui indique que l'UE doit "diviser par deux" sa consommation de pesticides d'ici 2025, souhaite une "évaluation scientifique indépendante des substances dangereuses pour l'environnement". Emmanuel Macron fixe également comme objectif "zéro carbone en 2050". 

Un Conseil de sécurité européen avec le Royaume-Uni

Emmanuel Macron veut renforcer la politique européenne en matière de défense, et n'oublie pas d'impliquer le Royaume-Uni, malgré l'ombre du Brexit. "Un traité de défense et de sécurité devra définir nos obligations indispensables, en lien avec l'OTAN et nos alliés européens : augmentation des dépenses militaires, clause de défense mutuelle rendue opérationnelle, Conseil de sécurité européen associant le Royaume-Uni pour préparer nos décisions collectives", écrit-il. 

Une "préférence européenne" en matière de concurrence

Emmanuel Macron appelle aussi à réformer la politique de concurrence européenne, et souhaite pour cela "une préférence européenne". "Nos frontières doivent aussi assurer une juste concurrence", estime-t-il, incitant à  "sanctionner ou interdire en Europe les entreprises qui portent atteinte à nos intérêts stratégiques et nos valeurs essentielles". Et de citer notamment les "normes environnementales, la protection des données et le juste paiement de l'impôt" comme critère commercial.

"Quelle puissance au monde accepte de poursuivre ses échanges avec ceux qui ne respectent aucune de ses règles ?", interroge-t-il, avant de préconiser notamment d'"assumer, dans les industries stratégiques et nos marchés publics, une préférence européenne comme le font nos concurrents américains ou chinois".

Alors qu'une taxe sur le chiffre d'affaires des Gafa est dans les tuyaux en France, il appelle également dans son texte a créer "une supervision européenne des grandes plateformes", pour "mieux réguler les géants du numérique". 

Un "bouclier social européen" 

Le président de la République plaide pour un "bouclier social" européen, qui pourrait garantir la "même rémunération sur le même lieu de travail". "L'Europe, où a été créée la sécurité sociale, doit instaurer pour chaque travailleur, d'est en ouest et du nord au sud, un bouclier social", estime Emmanuel Macron, qui évoque une "même rémunération sur le même lieu de travail et un salaire minimum européen, adapté à chaque pays".

Emmanuel Macron appelle donc ses partenaires européens à définir un "projet de convergence plus que de concurrence" sur ce volet social, pour "retrouver l'esprit de progrès".

Interdire le financement des partis par les puissances étrangères

Dans sa tribune, diffusée notamment auprès de prestigieux quotidiens européens comme The Guardian, Die Welt, El Pais, ou encore le Corriere della Serra, Emmanuel Macron appelle à l'interdiction du "financement des partis politiques européens par des puissances étrangères". Il propose d'ailleurs la création d'une "agence européenne de protection des démocraties", chargée de protéger les élections dans chaque État-membre des "cyberattaques" et "manipulations". "Nous devons bannir d'Internet, par des règles européennes, tous les discours de haine et de violence", plaide le chef de l'État. 

Une conférence pour l'Europe d'ici la fin de l'année 

Emmanuel Macron souhaite enfin l'organisation d'une  "Conférence pour l'Europe" d'ici la fin de l'année. Réunissant citoyens, universitaires ou encore partenaires sociaux, elle serait chargée de définir une nouvelle feuille de route pour l'Union, "sans tabou, pas même la révision des traités".