Montée des nationalismes, Front national, flambée des prix de l’essence : ce qu'a dit Emmanuel Macron sur Europe 1

© Europe 1- Capa Pictures- Jean-Christophe Verhaegen
  • Copié
, modifié à
Le président de la République était l’invité exceptionnel d’Europe 1 mardi matin. Il a évoqué les sujets chauds de l’actualité, mais est aussi revenu sur ses difficultés des dernières semaines.

Le président Emmanuel Macron a répondu en exclusivité, mardi, aux questions de Nikos Aliagas sur Europe 1, depuis Verdun, étape de son "itinérance mémorielle"  Alors que la grogne face à la flambée des prix du pétrole monte, alors que les élections européennes approchent, alors que des faits de violence parfois graves sont rapportés dans les écoles, le président de la République n’a esquivé aucun sujet d’actualité. Il est aussi revenu sur le départ fracassant de Nicolas Hulot du ministère de la Transition écologique, et sur l’affaire Benalla.

Sur le FN aux Européennes : "J'espère qu'il ne gagnera pas"

La semaine dernière, Emmanuel Macron avait comparé la situation actuelle de la France à celle de l’entre-deux-guerres. Mardi, il a assumé ses propos. "Les nationalismes ne sont-ils pas là ? A-t-on oublié quel est le parti qui avait gagné les dernières élections européennes en France ? Le Front national. J'espère qu'il ne gagnera pas", a-t-il indiqué. "L'Europe est de plus en plus fracturée. Le nationalisme remonte. Ce nationalisme qui demande la fermeture des frontières, qui prône le rejet de l'autre. Il joue sur les peurs partout. Ils sont là", a prévenu Emmanuel Macron. "Nous avons besoin d'une Europe plus forte, qui protège. Il s'agit d'avoir conscience de ce que nous sommes et de ce que nous vivons : la paix et la prospérité dans laquelle vit l'Europe depuis 70 ans est une parenthèse dorée dans notre histoire."

Profitant du fait que l'Europe soit évoquée, Emmanuel Macron a aussi plaidé pour une défense commune. "On ne protègera pas les Européens si on ne décide pas d'avoir une vraie armée européenne. Face à la Russie qui est à nos frontières et qui a montré qu'elle pouvait être menaçante, on doit avoir une Europe qui se défend davantage seule, sans dépendre seulement des Etats-Unis et de manière plus souveraine", a lancé le chef de l'Etat.

Sur la hausse des carburants : "Je souhaite qu’on bouge"

C’est sans conteste le sujet du moment pour les Français. Depuis quelques semaines - mais avec plus de vigueur depuis quelques jours - la grogne sur la flambée des prix des carburants n’en finit pas de s’amplifier. Suffisamment pour qu'Emmanuel Macron décide d'agir. "Je souhaite qu’on bouge un peu", a-t-il affirmé, se disant attaché "à la situation de deux catégories de personnes". D’abord, Emmanuel Macron pense aux "gens très modestes. Pour se chauffer, quand ils ne peuvent pas changer de chaudière, qu’ils n’ont pas d’autres options, il faut qu’on regarde comment améliorer le chèque énergie", a annoncé le chef de l’Etat.

Ensuite ? "Qu’on généralise" l’aide pour ceux "qui prennent la voiture pour travailler", a poursuivi le chef de l’Etat. Pour ceux-là, Emmanuel Macron souhaite s’inspirer de ce qu’a mis en place la région Hauts-de-France, à savoir une aide de 20 euros mensuels pour ceux qui doivent faire plus de 30 kilomètres pour aller travailler. "C’est une bonne philosophie, et d’ailleurs le gouvernement l’a accompagnée parce que cette aide sera défiscalisée", a rappelé Emmanuel Macron. "Je souhaite qu’on généralise tout cela. Il faut qu’on soit dans un mode d’indemnités kilométriques".

Sur le départ de Nicolas Hulot : "Je ne suis pas sûr qu’il ait été très heureux comme ministre"

Le président de la République semble ne pas en vouloir à Nicolas Hulot, qui avait quitté début septembre ses fonctions de ministre de la Transition écologique sans prévenir ni l’Elysée ni Matignon. "J’ai d’abord eu de la tristesse à titre personnel. Nicolas Hulot est quelqu’un avec qui d’ailleurs j’ai toujours des échanges réguliers, mais avec qui j’entretenais un compagnonnage amical, intellectuel et d’engagement", a-t-il assuré. Mais Emmanuel Macron a vite compris que le poste ne plaisait pas à l’ancien animateur de TF1. "Etre ministre, s’engager dans la vie politique, c’est un choix qui engage sa personne propre et sa famille. Et je ne suis pas sûr qu’il ait été très heureux comme ministre, il lui appartient de le dire", a déclaré le chef de l’Etat.

Sur l’affaire Benalla : "Une affaire d’Etat ? Quelle affaire d’Etat ?"

Une "excitation collective" sur la "faute" d'un homme, mais pas "d'affaire d'État". Voilà le regard que porte Emmanuel Macron sur l'affaire Benalla. "Le 1er mai dernier, étant observateur, comme beaucoup le sont, il est intervenu, et ça, ce n'est pas acceptable", a expliqué le chef de l'État. "Je ne savais même pas qu'il était observateur. Son encadrement le savait, mais je ne connais pas le quotidien de l'ensemble de mes collaborateurs. Est-ce que l'Élysée a dissimulé quoi que ce soit ? Rien du tout", a martelé Emmanuel Macron. "Pendant des jours, on a expliqué que c'était une affaire d'État. Mais quelle affaire d'État ? Un, l'Élysée n'a rien caché. Deux, il n'est pas intervenu sur demande de l'Élysée dans une manifestation. Trois, il n'y a jamais eu de sécurité privée ou de milice privée à l'Elysée."

Emmanuel Macron a aussi appelé à n'être pas trop dur avec Alexandre Benalla. "Il faut avoir l'esprit de mesure et de l'indulgence, y compris à l'égard de ceux qui ont commis des fautes", a lâché le chef de l'Etat. "Alexandre Benalla a fait des fautes. Est-ce qu'il mérite d'être traité comme le plus grand criminel en liberté ? Je ne suis pas sûr. Il faut penser que les gens ont leur vie et leur famille. La raison et le respect, ce sont des bonnes choses."

Sur les violences à l’école : "La peur va et doit changer de camp"

Pour la "reconquête" des quartiers où se sont déroulés des actes violents "intolérables" envers les professeurs ou les policiers, Emmanuel Macron appelle à un chantier d'ampleur. Le chef de l'État a d'ailleurs indiqué qu'il allait annoncer, "dans les prochains jours", la réouverture d'une "présence républicaine" dans ces zones : "des commissariats, des bureaux de poste, des centres des impôts".

Car le chef de l’Etat s’est voulu ferme : "ce qu'on voit à l'école, dans les quartiers de la République, contre nos forces de l'ordre, je ne veux plus le voir. La peur va et doit changer de camp. Notre société a besoin de retrouver le sens du travail, du mérite, de l'autorité, à tous les âges, dans tous les niveaux. C'est une mobilisation de toute la Nation pour y arriver", a-t-il appelé."

>> Réécoutez l'interview intégrale d'Emmanuel Macron :

 

 

Une interview particulièrement suivie sur les réseaux sociaux

Mardi matin, l'interview d'Emmanuel Macron sur Europe 1 était en tête des tendances sur Twitter, avec le hashtag #Europe1.

Plus de 8.200 tweets ont été publiés entre lundi 7h (annonce de l'interview) et mardi dans la matinée après sa diffusion. Parmi les sujets les plus abordés : les déclarations du Président sur le carburant, l'affaire Benalla et les violences à l'école.

Des données fournies par Visibrain, plateforme de veille des réseaux sociaux