"Les Républicains" : le camp Juppé n'est pas d'accord

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Louis Hausalter
MAUVAISE IDÉE - Les lieutenants du maire de Bordeaux montent au créneau contre le nouveau nom choisi par Nicolas Sarkozy pour rebaptiser l'UMP.

Pour l'instant, Nicolas Sarkozy ne rencontrait ni enthousiasme ni véritable hostilité à sa volonté de changer le nom de l'UMP par l'appellation "Les Républicains". Mais le camp d'Alain Juppé fait entendre une petite musique de plus en plus récalcitrante. Dans une interview à Libération mercredi, Edouard Philippe, député-maire UMP du Havre et membre de la garde rapprochée du maire de Bordeaux, monte au créneau. "C'est un choix très curieux, et très contestable", juge-t-il.

"Un vecteur supplémentaire de clivages et de divisions". "Ce serait méconnaître ce qu'est la République", poursuit l'élu. "Par définition, elle rassemble des gens qui ont des conceptions différentes de l'intérêt général, mais qui se reconnaissent dans quelque chose de plus large. En nous nommant 'les Républicains', c'est comme si nous vidions la République de son sens". Ce choix "dangereux", selon le maire du Havre, serait aussi "un vecteur supplémentaire de clivages et de divisions", affirme-t-il.

Edouard Philippe s'étonne aussi de l'absence de consultation autour de ce changement de nom. "A aucun moment, nous n'avons parlé de nom. Officiellement, il n'y a rien sur la table", souligne-t-il. Pour lui, Nicolas Sarkozy "serait bien inspiré d'ouvrir le choix".

"Des républicains, pas les républicains". Signe que les juppéistes ont lancé l'offensive, Gilles Boyer, le bras droit de l'ancien Premier ministre, a écrit la semaine dernière sur son compte Twitter : "Nous sommes DES républicains. Nous ne sommes pas LES républicains". Alain Juppé lui-même n'a toutefois pas émis de critique frontale de ce choix. "Pourquoi pas", a-t-il simplement lâché début avril, en ajoutant : "les militants décideront".

Il n'empêche, les critiques internes à l'UMP apportent de l'eau au moulin des socialistes, qui dénoncent une appropriation du terme par Nicolas Sarkozy. "C'est évidemment un abus de pouvoir", s'est indigné mercredi dernier le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen.

Les sympathisants de droite pas convaincus. Les sympathisants de droite, quant à eux, ne sont guère emballés. Ainsi, 57% d'entre eux préfèrent le nom UMP, contre 32% favorables au "Républicains", selon un sondage Odoxa pour iTÉLÉ. De quoi faire hésiter encore Nicolas Sarkozy avant le congrès du parti le 31 mai.

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